dimanche 27 janvier 2019

Je suis Autiste



Depuis très longtemps,
On me dit que je suis différent

J'ai besoin de répéter les choses,
Pour voir la vie en rose

Et besoin de m'isoler,
Juste pour me rassurer

Mais si tu veux me parler,
Tu n'as qu'à essayer

Je ne dois pas te faire peur,
Ça ferai mon malheur

Je suis comme les autres enfants,
Je peux être amusant

Et si tu me donne cette chance,
Je gagnerai en confiance

Ce n'est pas facile d'être observé,
Je voudrais me cacher

Il y a beaucoup de regards,
Que je trouve un peu trop noirs

Alors que ce dont j'ai besoin,
C'est beaucoup de câlins

Et d'aller à l'école,
Sans que je dégringole

Profiter de la vie,
Et avoir des amis

Parfois il faut m'aider, 
Pour que je reste connecté

Mon esprit s'envole souvent,
Mais pas pour longtemps

Je te livre ma vie d'autiste,
Mais tu ne dois pas être triste

Je rêve de nouveaux horizons,
Qui nous mènerons vers l'inclusion.

Manuela SEGUINOT

Petit chromosome



Depuis que je suis née,
Tout est boulversé

Maman qui pleure,
Remplie de douleurs

Papa est silencieux,
Ce qui n'est pas mieux...

J'ai envie de grandir,
Et de changer l'avenir

Mon chromosome en plus,
N'est que du plus!!

Pour faire changer les regards,
Il faut y croire

De toutes ses forces,
Comme les bêtes féroces

Et pour ceux qui feront des commentaires,
Je leur demanderai de se taire

Quel dommage qu'ils ne se rendent pas compte,
Que la différence n'est pas une honte

Bien au contraire,
Nous sommes Extra-ordinaires

La trisomie,
 fait partie de ma vie,

Accompagnée de ceux que j'aime,
Je ne serai pas la même

Je vais me battre chaque jour,
Et pour toujours

Le chemin va être long,
Pour arriver à l'inclusion

Mais il faut en parler,
Pour que les choses puissent évoluer

J'aimerais être acceptée dans cette société si cruelle,
Sans que personne ne s'en mêle

Mais aujourd'hui le respect,
A un drôle d'aspect

La différence,
N'est pas une chance

Et la Trisomie,
N'est pas une épidémie

Nous avons tous un cœur,
Qui a le droit au bonheur

Parce qu'à cause de notre handicap,
On doit se vêtir d'une cape

Qui balayera sur son chemin,
Tout ceux qui ne comprenne rien

                                                               Manuela SEGUINOT

samedi 26 janvier 2019

Un jour ça ira





Je découvre avec beaucoup d’émotions le documentaire de Stanislas et Edouard Zambeaux : « Un jour ça ira ».

On nous ouvre les portes d’un centre d’hébergement d’urgence Parisien l’Archipel, géré par l’Association Aurore, où sont logés familles et enfants en grande précarité. Certes, l’accueil de ces familles avec enfants est une action louable mais ce n’est pas suffisant.

Nous faisons la rencontre de plusieurs enfants, garçons et filles, scolarisés qui se livrent bien volontiers sur leur quotidien et leur ressenti. Ils sont nombreux à ne pas avouer à leurs camarades de classe qu’ils vivent dans un centre d’hébergement d’urgence, par honte et crainte d’être jugés.

Pourtant, ils font preuve de maturité, ils ont conscience des difficultés de la vie : travail, ressources, logement… Ils se contentent de ce qu’ils ont sans jamais rechigner. Ils s’entraident les uns les autres, les plus grands s’occupent des plus petits. Ils ont pour discours que c’est une grande et belle famille. Je suis profondément touchée par cette solidarité permanente de tous les résidents du centre.

On rencontre brièvement des « responsables » du centre qui accompagnent les résidents dans leur quotidien pour tout ce qui est social, administratif, éducatif… Une main tendue en plus de l’hébergement. Une écoute offerte aussi qui me semble indispensable pour avancer. Chacun des résidents garde le secret espoir d’obtenir un jour un logement pérenne et une situation stable.

Il y a toutes sortes de résidents, il y a deux enfants porteurs de handicap qui m’ont affecté et qui pourtant, semblaient heureux. Une petite fille porteuse de trisomie 21, sa maman explique toute sa difficulté à soigner son enfant. La solitude aussi est lourde de conséquence moralement. Le deuxième enfant est un petit garçon atteint d’une déformation du visage. Il vit avec ce handicap naturellement, sans jamais l’évoquer. Il est plein de vie, joyeux, solaire, quel courage !!

Il est difficile de mettre des mots sur cette précarité pour les enfants du centre. On ressent tous les questionnements qu’ils peuvent avoir en eux. Principalement, la question de leur origine les anime. On a l’exemple de ce jeune garçon Djibi et d’une jeune fille Ange, tous deux âgés de 13 ans au moment du tournage. Ils se posent beaucoup de questions. Ils connaissent leur parcours mais on sent qu’il y a des pièces manquantes au puzzle. La construction de l’identité est une étape cruciale de la vie d’un enfant.

Je retiens des mots poignant de Djibi : « Je suis un sérial déménageur », « Je transporte ma vie en valise, j’ai appris à voyager léger ». Cela ne devrait pas exister pour un jeune garçon de 13 ans d’avoir ce discours. Il parle de sa maman avec fierté et beaucoup d’amour. On sent la sincérité et tout l’espoir qu’il fonde pour un avenir meilleur.

Ange est une jeune fille timide mais qui interprète la chanson « Les Invisibles » avec beaucoup de conviction. Les larmes qui coulent sur son visage lors du concert de la fermeture du centre en disent long sur ce qu’elle ressent. Sa prestation est émouvante et tellement naturelle, sans filtre.

Il y a aussi Peggy Rolland, auteur, compositeur, animant un atelier de chant avec les enfants du centre. Un projet musique a vu le jour avec la réalisation d’un album « Invisibles » disponible sur Deezer. Les textes sont le reflet de leur vie avec tout ce qu’ils éprouvent. Des déclarations d’amour faites aux parents avec une reconnaissance incroyable. Les mots choisis sont des mots d’enfants qui résonnent encore plus fort et donnent un sens plus profond à cette précarité.

Je ne peux rester sans partager la découverte de ce documentaire exceptionnel mais aussi de cet album qui résulte de ce grand projet. La précarité et la souffrance est à notre porte, on ne peut l’ignorer. 

J’ai moi-même été dans une situation de grande précarité sans l’avoir choisi. J’ai été aidé par une association et je n’ai pas honte de le dire. J’ai eu la chance de vite rebondir mais j’ai conscience que ce n’est pas toujours le cas. 10 ans après cette période difficile de ma vie, je me rends dès que possible au sein de cette association « Cœur de Femmes » qui est une famille pour moi.

Mon affection aussi pour tous ces enfants à qui je voudrais venir en aide… Chacune de leur intervention m’a émue aux larmes. Leur force et leur courage est admirable. J’ai peu de mots pour les décrire si ce n’est qu’ils sont incroyables et qu’il ne faut pas qu’ils soient Invisibles.

Il y a encore beaucoup de choses à faire pour améliorer la prise en charge de toutes ces familles en grande précarité. Le sujet du logement et de l’inclusion est défaillant. Il ne faut pas l’attribuer uniquement aux personnes en situation de handicap. Il y a aussi toutes ces personnes que l'on voit tout au long de ce documentaire. Ils sont l’exemple concret qu’il y a beaucoup d’autres populations concernées par la précarité, le mal-logement, l’exclusion social,  l'éducation, l’accès aux soins…


Manuela SEGUINOT


dimanche 20 janvier 2019

Enfants placés : de la famille d'accueil à la rue, il n'y a qu'un pas !!





Je poursuis mon ressenti concernant le reportage « Les enfants placés de la République » car je ne peux rester silencieuse après avoir découvert de telles atrocités. La seconde option pour ces enfants placés :

2/3 : Deuxième cas : Famille d’accueil.

Je me refuse de faire une généralité des situations très graves et destructrices qui ont pu être évoquées. Pour autant, je retiens l’expérience d’un enfant qui a bien connu le placement en famille d’accueil. Je parle de Lyès LOUFFOCK, jeune homme que j’ai découvert à travers le reportage et qui, pour moi désormais, est comme le porte-parole de ces jeunes en grande souffrance.

A travers son parcours, le récit qu’il en fait et les actions qu’il mène afin de lutter contre la maltraitance au sein des différentes structures où sont recueillis les enfants placés par l’Aide Sociale à l’Enfance, Lyès laisse entrevoir une lueur d’espoir.

On a pu apercevoir durant le reportage à quel point cette situation pouvait être lourde de conséquence pour l’avenir. Avenir incertain qui peut conduire vers la rue avant même de pouvoir s’en rendre compte. C’est le cas de quatre jeunes que l’on découvre et qui nous raconte à quel moment ils se sont retrouvés Sans Domicile Fixe dès le jour de leur 18ème anniversaire.

Une jeune femme évoque s’être retrouvée à la rue le jour de sa majorité. Sortant d’un foyer, elle nous affirme que la structure qui l’accueillait s’était engagée à l’aider dans ses démarches. Il n’en est rien. Alicia s’est, du jour au lendemain, retrouvée livrée à elle-même, sans aucun soutien, sans aucune aide et surtout sans logement ou lieu de vie où elle aurait pu être en sécurité.

Ce groupe d’amis erre dans la rue toute la journée. Ils affirment préférer faire « la manche » plutôt que de voler pour pouvoir se nourrir. Chacun sa méthode pour palier aux difficultés de la rue, ils relativisent et se contentent de très peu. 2 Euros 70 pour le repas d’une journée !!!

J’ai beaucoup d’affection pour ces jeunes en grande précarité. A travers leur parcours dans la rue, je revis de plein fouet, l’expérience de vie de ma sœur aînée qui a vu sa vie sombrer du jour au lendemain sans crier garde. Plus aucun repère, plus aucun cadre, plus aucun soutien, plus de nourriture, plus de toit, la peur au ventre chaque jour un peu plus et, comme si cela ne suffisait pas, les conditions climatiques n’aidaient pas.

J’ai eu très peur pour ma sœur, à peine âgée de 16 ans lorsqu’elle s’est retrouvée Sans Domicile Fixe. Impuissante mais, consciente de tout ce que cela engendrait, je ne vivais qu’à demi-souffle. Tous les enfant, même majeur, (car pour moi à 18 ans, tous ne sont pas près à se lancer dans la vie) devraient être accompagnés. Nul ne devrait se retrouver sans abri.

Dans un Pays comme le nôtre, comment peut-on accepter que des jeunes issus d’un système tels que l’Aide Sociale à l’Enfance puisse commencer leur vie d’adulte dans de telles conditions ? C’est honteux !!! En plus de leur parcours douloureux, la continuité n’est pas meilleure, cela me révolte tellement. J’ai terriblement mal au cœur en écrivant ces quelques lignes.

Les chiffres d’enfants placés en famille d’accueil sont affolants : 40 000 jeunes placés en France. Je suis révoltée de m’apercevoir du nombre incroyable évoqué. Cela va de paire avec la suite de mes propos. Comme pour beaucoup de profession du social et de l’enfance, là encore, il y a beaucoup de dysfonctionnements. Je n’en fais malgré tout pas une généralité mais, il y a des situations dont il faut parler sans filtre.

Les modalités d’obtention d’agrément pour devenir famille d’accueil restent limités. Visiblement, deux entretiens suffisent. Ce qui peut paraître léger surtout pour des accueillants n’ayant pas d’enfants !!Une femme nous explique tout cela à travers le reportage. Elle et son mari, accueillent 6 enfants dont 1 avec des troubles du comportement. Ils indiquent ne rien connaître des enfants qu’on leur confie. Aucun élément n’est donné, aucune information médicale, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes n’ayant que leur instinct pour les prendre en charge au quotidien.

Un autre couple nous fait part de son expérience ? Eux, ont leurs deux garçons placés en famille d’accueil. La première famille accueillant ces enfants était maltraitante. Il aura fallu près d’un an pour que les parents s’en rendent comptent. Ils ont porté plainte et un juge a prononcé une condamnation que je trouve aberrante : une amende de 500 Euros mais surtout, le maintien de l’agrément de cette femme qui a reconnue avoir violenté ces enfants.

C’est honteux, il y a peu encore, les journaux évoquaient la remise en cause de la « gifle » donné à son enfant avec une proposition de textes de loi et là, pour une femme dont le rôle est de protéger ces garçons en souffrance, on attribue seulement une amende et attendons patiemment de nouvelles victimes…

Il y a tellement de choses à faire pour que toutes ces horreurs ne puissent plus se produire. J’espère sincèrement qu’un jour il n’y aura plus de personnes Sans Domicile Fixe, livrées à elles-mêmes. Nous devons améliorer le système de l’Aide Sociale à l’Enfance, des contrôles rigoureux et réguliers devraient être mis en place afin de s’assurer du bien-être des enfants placés. Comment peut-on ne pas agir face à de telles violences, de tels dysfonctionnements ?

Le cas de cette jeune femme Alicia m’a profondément touchée. D’une part parce qu’elle fait écho à ma vie personnelle mais aussi parce que j’ai moi-même dû me lancer dans la vie sans y être préparée. D’abord, la rue puis, Cœur de Femmes, le foyer jeunes travailleurs et enfin nouveau départ pour une nouvelle vie avec un toit, un enfant et un travail pérenne. 

Je tiens à faire part de mon parcours car en dehors du passage via l’Aide Sociale à l’Enfance, l’arrivée dans la rue de jeunes peut se faire différemment, rapidement et être tout aussi destructeur.

Manuela SEGUINOT

vendredi 18 janvier 2019

Aide Sociale à l’Enfance, un système rempli de défaillances





Je découvre avec écœurement et colère le reportage « Les enfants placés de la République ». Je suis une mère de famille et professionnelle exerçant auprès d’enfants de tout âge depuis de nombreuses années, avec la spécificité du handicap. 

J’étais déjà spectatrice des dysfonctionnements de notre société vis-à-vis des enfants porteurs de handicap ne bénéficiant pas de prise en charge optimale : manque d’AVS, personnel non formé, retard du système éducatif, enseignants à bout… 

J’ai voulu dénoncer une fois de plus les difficultés d’inclusion dans notre société. Même si je l’imaginais, j’étais très loin de l’ampleur des dégâts dans les structures d’accueils pour enfants placés.

Le système de l’aide Sociale à l’Enfance est horrible et destructeur. Je l’ai souvent dit à travers mes articles, nous ne voyons pas ce qu’ils se passent derrière les portes d’établissements accueillants des enfants en difficultés. Les familles ne peuvent que subirent tant que des faits ne leurs sont pas concrètement évoqués.

1/3 : Premier cas : les foyers :

Le reportage démontre là encore de nombreuses problématiques. A commencer par le recrutement. Un journaliste, non diplômé, sans aucune expérience et ayant envoyé un CV erroné a été recruté en une semaine. De plus, aucun contrôle du casier judiciaire !! C’est inacceptable et tellement préjudiciable pour les enfants accueillis. On l’a laissé partir seul, à 2 reprises, avec des enfants et en voiture. Sans cette infiltration au sein de ce foyer, impossible de prouver de tels agissements.

Autre ignominie des foyers : la violence verbale et physique. On peut voir à quel point le quotidien n’est qu’insultes et violence. Violence de la part des enfants mais aussi de la part des éducateurs. 

Colère et larmes me sont très vite montées lorsque j’ai visionné la scène d’un éducateur étouffant et frappant un jeune avec un oreiller à la suite d’une bataille de coussins qui tourne mal. C’est d’une violence insoutenable. L’éducateur en question le menace sans aucune crainte. Il explique ensuite à son collègue comment frapper sans qu’il n’y ait de traces sur les enfants (avec le coude…).

Ces agissements et images ont été transmise à la direction. Cette femme fut choquée mais prétend être démunie face à de telles situations. Qu’elle n’a que peu de moyens pour intervenir. Que tout cela n’est pas visible. Elle indique que des poursuites et mesures vont pouvoir être prises grâce aux images. Malgré tout, les faits se sont produits et l’agresseur a pu continuer quelques jours durant d’exercer dans le groupe où se trouve l’enfant qu’il a violenté. C’est honteux et humiliant pour ce garçon qui est victime de coup porté par un professionnel.

Sont évoqués aussi, les abus sexuels et viols entre enfants. Une éducatrice nous raconte le cas d’une fillette de 4 ans faisant une fellation à un garçon de 10 ans. Cela me répugne au plus haut point. Elle ajoute que souvent victimes et agresseurs restent des mois durant dans la même structure, dans le même groupe et qu’il n’y a pas de suite.

Pour autant, les éducateurs indiquent que la direction ne peut ignorer toutes ces agressions. Une note d’incident est répertoriée à chaque fois avec le nom de la personne qui l’établie. Selon eux, la direction est inactive. 

Les agresseurs ne sont pas poursuivis et surtout pas soignés. Une éducatrice tient des propos qui resteront gravés longtemps dans ma mémoire : « On fabrique les délinquants et prédateurs sexuels de demain ». On ne peut ignorer de telles paroles. Faire la sourde oreille serait trop facile. Tout comme ne pas partager son ressenti après avoir regardé ce reportage.

Je n’avais jamais entendu parler de Lyès Louffock. Jeune home de 24 ans, enfant placé dès l’âge de 6 ans, désormais membre du conseil National Protection de l’Enfance. Il fait brièvement le récit de son parcours. Il est l’auteur d’un livre : « Dans l’enfer des foyers ». Ce jeune homme est l’exemple même d’exceptions à la règle.

Fort de son expérience, il s’engage humainement auprès de jeunes en grande souffrance. Il répond présent aux sollicitations qui lui sont faites. Selon Lyès, dans chaque département, au moins un foyer dysfonctionne. Mais aussi, que la maltraitance et les viols y sont « monnaies courantes ». Constatation accablante et déroutante lorsque l’on parle d’établissements de l’Aide Sociale à l’Enfance.

Je découvre cet homme avec beaucoup de plaisir. Ses actions, son combat auprès des enfants sont la preuve que tous ne sont pas dupes face aux dysfonctionnements de notre société.

Les répercussions peuvent être dramatiques et destructrices sur le long terme. Il ne faut pas rester silencieux si nous voulons que les choses évoluent et ne plus être que de simples spectateurs. 

Je suis admirative du parcours de Lyès et très reconnaissante car grâce au récit de son enfance douloureuse, il offre à beaucoup d’autres jeunes une lueur d’espoir dans ce tableau si sombre.

Manuela SEGUINOT

vendredi 11 janvier 2019

Interview à Coeurs ouverts.... Mads Johano Graad



                           
   
 
Pourriez-vous nous parler de vous, de votre carrière et de Katie Noel Wyman en quelques mots ? Comment votre collaboration est-t-elle été née?


Je suis norvégien né en 1993. Diplômé de l'Université de Falmouth avec un diplôme de première classe en animation et VFX (* Effets Visuels) et a une maîtrise en éducation spéciale à l'Université d'Exeter.

Il travaille actuellement comme pigiste dans l'illustration et l'animation. Voyageant dans les écoles pour tenir des présentations sur la sensibilisation à la façon dont il se sent d'avoir une différence d'apprentissage dans notre société d'aujourd'hui.

Katie Wyman est une cinéaste née à Londres 1994.  Adolescente, elle dessinait des BD et passait peu de temps à l'extérieur. À l'âge de 19 ans, elle a animé un projet d'arrêt de mouvement qui a maintenant plus de 25 000 vues sur YouTube. Elle est diplômée de l'Université de Falmouth avec un diplôme de première classe en animation et en VFX*. Katie est fière d'être associée à «je suis DYSLEXIQUE» qu'elle a co-dirigée et co-produite avec Mads Johan Øgaard dans leur dernière année d'université.

J'ai d'abord déménagé en Angleterre pour étudier un baccalauréat en animation et VFX à l'Université de Falmouth
Ici, je rencontre Katie, nous sommes rapidement devenus amis. Dans la dernière année où tout le monde où s’engage auprès de leurs films, «  je suis DYSLEXIQUE » a obtenu la lumière verte. J'ai donc demandé à Katie si elle voulait travailler sur le film avec moi. Elle a dit oui et nous avons co-dirigé et co-produit le film. Katie est également dyslexique en plus d'être une personne très talentueuse a rendu le film plus fort.
 
J'ai découvert avec émerveillement et émotion votre court métrage sur la dyslexie. Les frissons et les larmes étaient au rendez-vous, ce qui m'est rarement arrivé. Dyslexie est un sujet qui est encore trop peu parlé, pourquoi avez-vous choisi ce sujet?
 
Je suis dyslexique et souffre de dyscalculie moi-même. J'avais besoin d'exprimer les nombreux sentiments que je ressentais tout au long de Ma Scolarité. Je voulais faire un outil permettant de comprendre nos différences d'apprentissage. Outil qui peut être utiliser pour expliquer à l'école, aux amis et à la famille ce que je ressens.
J'aurais aimé que quelque chose comme ça existe quand j'étais jeune.

 
Vous êtes originaire de Norvège, un pays que je connais très peu. Quel est votre ressenti au sujet de la prise en charge des "dys"? Avez-vous l'impression que vous avez été aidé quand vous en aviez besoin? Comment avez-vous été pris en charge à l'école?
 
Tout d'abord, il est important de dire que les écoles sont différentes selon l'endroit où vous vivez. Certaines écoles sont mieux que d'autres. J'ai personnellement senti que tout au long de mes années d'école je n'étais pas compris, même si j'ai reçu des outils, du soutien. Personne ne pouvait m'expliquer comment les utiliser. Cela dit, j'ai eu de bons enseignants à travers certaines de mes années.

La société Norvégienne vis-à-vis de l'apprentissage des différences et l'acceptation de différentes façons d'apprendre est très en retard. Cela dit, j'ai vu et vécu une amélioration énorme, mais il y a encore un long chemin à parcourir.

Une des raisons pour lesquelles j'ai décidé d'étudier en Angleterre, a été la forme, mon expérience de la Norvège se concentre principalement sur les grades et non pas sur l'individu. En Angleterre, on se concentre davantage sur l'individu, on m’a donné une chance de faire des entrevues afin que je puisse les réaliser selon mes besoins.  

J'ai entendu de nombreuses fois que, d'autres endroits, des pays tels que la Norvège, avaient de très bons pour les écoles idéales en termes de résultats d'exécution. Je me demande qui leur a dit de tels mensonges ? 

Je dirais que j'ai survécu à l'école parce que j'ai eu des parents forts qui se sont battus pour mon cas et m'ont appris à me concentrer sur mes forces plutôt que sur mes faiblesses. 
 
Comment voyez-vous les « dys » qui sont de plus en plus nombreux ? Pensez-vous que notre société a évolué? Pensez-vous qu'il y a suffisamment de ressources en place pour gérer ces difficultés?
 
Oh c'est une belle question, j'aimerais écrire un essai entier sur de nombreuses perspectives différentes !

Pour moi avoir la dyslexie est un cadeau. Il y a de nombreux défis mais j'utilise mes forces pour compenser et mieux me rendre compte où sont mes difficultés et faire en sorte que je puisse l'éclaircir et de créer de nouvelles relations saines et sereines pour moi afin d'évoluer.

Notre monde doit sans aucun doute changer de système, celui de l'ancienne école aurait dû être changé depuis plusieurs décennies. Nos écoles luttent pour fournir les outils nécessaires à l'enseignement dans notre monde en mutation très rapide. Si vous me demandez, selon moi les écoles créent sans doute plus de difficultés chez les enfants qu’elles ne les aide. Tout le monde ne s'inscrit pas dans l'environnement scolaire actuel qui semble de plus en plus inadapté.

Je ne pense qu'il n'est pas difficile de soutenir ces personnes, il y a beaucoup de grandes méthodes là-bas comme la méthode Davis : méthode de maîtrise des symboles et d'autres, qui peuvent effectivement être utilisé pour aider les individus à comprendre ses difficultés. Mais la question est quand cela arrivera-t-il ? La société semble toujours nier que le changement est nécessaire pour l’inclusion de ces enfants avec une compréhension différentes.

J'ai lu que votre court métrage a été récompensé, Bravo c'est amplement mérité !! Pouvez-vous nous dire comment votre film a été perçu par le public? Mais aussi pour les écoles, les institutions spécifiques, les professionnels de la santé?

Après que nous ayons fini le film, je l'ai projeté à une salle pleine de 30 individus souffrant de dyslexie... bien ils ont beaucoup pleuré !! Ils nous ont demandé comment nous avons pu dépeindre leurs sentiments en quelques minutes sur l'écran. C’est exactement la réponse que nous voulions, ce qui signifie qu'ils se retrouvaient et que ça montrait bien ce qu’ils ressentaient. 

La réponse est fantastique, le film est utilisé désormais comme un outil éducatif dans de nombreux pays à travers le monde. Et est toujours très utilisés par les gens qui l'explore. Notre film a remporté au total environ 12 prix si je me souviens bien, y compris le prix le plus élevé d'un film étudiant peut obtenir en Angleterre un prix Royal Film Society.     
 
Peut-être que c'est une mauvaise compréhension de ma part, mais, j'ai le sentiment que le petit garçon vous représente et la jeune fille interprète Katie Noel Wyman?

J'ai l'habitude de dire que quoi que ce soit que vous ressentiez du film, c’est correct, tout comme la manière dont vous vivez le film.
Cependant, le garçon est basé sur moi oui, mais le personnage principal féminin n'est pas basé sur Katie. Seule, la jeune fille à la fin du film qui reçoit la paperplain est basée sur elle.

La création de ce film représente les expériences personnelles de chacune des personnes qui ont travaillé avec nous et qui ont des différences d'apprentissage eux-mêmes. Toutes leurs expériences sont représentées à travers nos personnages dans le film.   
 
La scène moquerie à l'école est douloureuse mais très représentative de cette forme de «harcèlement» propre aux écoles face à la différence. Évidemment, cela devait être violent, quel souvenir tu gardes? Estimez-vous que c'est toujours le cas ?
 
Oui j'ai été intimidé à l'école, je pourrais partager de nombreux exemples comme ceux-là. Je crois que le film est plus parlant que tout ce que je pourrais écrire à ce sujet. Je tiens cependant à dire que j'ai pardonné à ces personnes et comme je l'ai dit plus tôt, je me concentre beaucoup sur la reconnaissance toujours pourquoi/où/comment ces anxiétés et les traumatismes viennent et comment faire face pour avancer plus sereinement.
 
J'ai été profondément touchée par la scène où le jeune garçon demande pardon à ses parents, exprime tout son désespoir face à ses difficultés qu'il ne parvient pas à vaincre seul. Est-ce représentatif de ce que vous avez vécu avec vos parents? Quels conseils auriez-vous à donner à la dys» qui lira notre interview? Mais aussi à leurs familles?
 

Beaucoup ne reconnaissent pas que le sentiment de culpabilité est écrasant de négativité envers une personne à travers toutes les années d'école. Le harcèlement affecte l'état mental d'un individu.

Mes parents ont toujours été très présents et sans leur aide, je ne serai pas là où je suis aujourd'hui. Même si l'on doit avoir l'équilibre et si la majorité de vos évaluations sont négatives parfois, il est difficile de croire que vos propres parents vous disent que vous travaillez bien. Il s'agit d'un trait fort afin de remarquer quand on travaille avec des individus avec des différences d'apprentissage, ils sont souvent affamés pour la louange.

Il est si important de se concentrer sur un intérêt/hobby pour lequel vous pouvez recevoir des félicitations. Reconnaître que vous n’avez pas besoin des autres pour compenser la vague négative qu’est celle de l'expérience à l'école. Il est également si important que les parents aient des attentes réalistes pour leurs enfants. 

Par exemple, ma sœur s’est facilement installée dans le système scolaire et à des facilités lorsqu’elle apprend. Et ça, elle et mes parents attendaient de très bons résultats. 

Moi d'autre part, ils avaient des attentes plus réalistes en ce qui concerne. Par exemple en mathématiques l'objectif était à peu près de ne pas redoubler la classe, mais pour l'art les attentes ont été Topp grades. 

Mes parents m'ont expliqué et m'ont montré, ainsi qu'à ma sœur, pourquoi ils avaient des attentes différentes et pourquoi cela ne signifie pas que l'on est pire que l'autre, mais plutôt de se concentrer sur la façon dont les gens ont des compétences différentes les uns des autres.

Trouvez une matière pour laquelle vous êtes meilleur, vos compétences et les félicitations que vous recevrez vous aideront dans tous les autres domaines que vous trouvez difficile. J'ai réalisé que je pouvais utiliser le dessin comme un outil pour apprendre tous les sujets que j'ai trouvé difficile.  
 
La scène finale avec le vol de l'avion de papier où est inscrit "Rappeles-toi, tu n'es pas seul" est fort en sens et en émotion. Quel message voulez-vous envoyer aux destinataires de votre court métrage?
 
Tant de gens se sentent seuls, surtout quand personne ne peut les aider  et les comprendre Il est beaucoup plus facile d'arrêter de demander de l'aide pour éviter toutes ces émotions lourdes. Beaucoup cependant ne réalisent pas que cela rend encore plus difficile sur le long terme. Trouver d'autres personnes comme vous-même afin que vous puissiez partager les connaissances et vous pouvez parler librement peut vraiment vous aider.

Le sentiment d’être seul a été très fort en moi et ce film m'a fait appris que je ne le suis pas. Il était donc très important pour moi de leur exprimer tout ça. Aussi pour montrer à ceux qui n'ont pas de difficultés d'apprentissage des différences que ce que l’on peut ressentir !!  
 
Je suis très curieuse de savoir si vous avez réalisé d'autres court métrage comme «je suis DYSLEXIQUE»? Pouvez-vous nous dire quelles sont vos projets à venir?
 
Je travaille actuellement sur un film sur la dyscalculie avec l'Association de la dyslexie norvégienne et travaille également sur un film sur le TDAH avec l'Association norvégienne de TDAH.

En outre, avec l'Association norvégienne de dyslexie, je suis le chef de file d'un Galerie d'art Uncensored avec Dyslexia Norge qui donne aux individus la différence d'apprentissage une occasion de partager leurs expériences à travers l'art et de rencontrer ceux qui ont des expériences similaires. Pour avoir un sentiment de maîtrise. 
____________________________________
Où en savoir plus sur Mads Johan Øgaard:
Facebook (art) : https://lnkd.in/dVKymRj

Où trouver plus d'Abou Katie Noel Wyman
Site web : www.katiewyman.co.uk
Linkedin: https://www.LinkedIn.com/in/bonzlydoo/
Tumblr: http://bonzlydoo.tumblr.com/ 
————-————-————-————-——

I am Dyslexic-court métrage d'animation

Réalisé par Mads Johan Øgaard & Katie Noel Wyman
Créé à l'Université de Falmouth, Angleterre

Regardez le film à:

Suivez je suis DYSLEXIQUE sur les médias sociaux:


Manuela SEGUINOT et Mads Johan Graad





mercredi 9 janvier 2019

Courrier du Coeur, destination Bonheur!!



                                                          





Bien souvent, l’arrivée facteur rime avec erreur, horreur, crève-cœur. J’ai très envie de partager mon courrier du jour, rimant avec Amour.  Coup de cœur qui m’a vraiment comblé de bonheur.

D’abord parce qu’il m’est adressé personnellement mais aussi, parce qu’il a été rédigé par des enfants Extra-ordinaires souffrant de troubles spécifiques « Dys ». Il a été écrit avec sincérité malgré la difficulté éprouvée ce qui, à mes yeux lui donne encore plus de valeur.

J’ai souvent évoqué les problématiques liées à la différence et aux regards d’autrui. Ce courrier est pour moi l’exemple même que malgré la différence, les obstacles rencontrés, les enfants sont capables d’avancer, de passer outre les préjugés pour atteindre leur objectif principal : transmettre un message.

Je porte un regard bienveillant et rempli d’affection sur les enfants souffrant de troubles du développement ou des apprentissages autrement appelés « Dys ». Ils sont pour moi des enfants qui ont besoin d’être aidé, mieux accompagné, dans un système scolaire qui est aujourd’hui inadapté face à ces troubles de plus en plus fréquents.

On parle souvent du handicap physique ou moteur, des obstacles rencontrés par les enseignants ou les accompagnants : AVS/AESH , éducateurs… Nombreux sont les points de discorde et pourtant, je trouve que, pour ce qui est des dysfonctionnements dû aux troubles de l’apprentissage ou du développement des enfants, les « Dys » ne sont pas suffisamment pris en charge.

On en parle très peu, le diagnostic est là encore long à être établi car les montagnes administratives se dressant devant les familles, les professionnels et les enfants sont très dures à gravirent. Du *CMP au dossier *MDPH puis, à la construction d’un *PPS, c’est un vrai parcours du combattant qui s’annonce avant même que puisse être envisagé une prise en charge adaptée.

Être « Dys » n’est pas aussi facile que l’on pourrait imaginer. J’ai lu beaucoup de témoignages et échanger avec des personnes souffrant de ce type de troubles et il en ressort à chaque fois le même ressenti : une période de grande souffrance, de solitude, d’incompréhension et de non accompagnement de la part du système éducatif et médical.

Pourtant, il y a beaucoup de professionnels comme les psychomotriciens, les orthophonistes, les ergothérapeutes… qui sont en mesure de diagnostiquer les enfants atteints de troubles « *Dys » mais le coût financier n’est pas négligeable, le remboursement de la sécurité sociale minime voir inexistant sauf pour les orthophonistes. Mon cas personnel, une séance de psychomotricité coûte 50 Euros et n’est pas du tout remboursé par la sécurité sociale.

L’accès aux consultations au sein de *CMP est difficile à obtenir du fait du délai d’attente. Très souvent, il y a près de 6 mois d’attente pour un premier rendez-vous d’évaluation. On est tellement loin d’un commencement en terme de prise en charge. Il y a encore beaucoup de progrès à faire pour que l’inclusion, l’intégration de ces enfants soit optimale.

Je vais conclure cet article en évoquant les frissons ressentis lors de la lecture, de la relecture de ces quelques mots rédigés par ces deux enfants qui font partie de ma vie. Ils sont spéciaux en tout point et n’imaginent même pas à quel point je suis très fière d’eux. 

C’est un cri du cœur, des paroles de Maman, de Tata qui ne cessera d’écrire et de montrer qu’il est indispensable d’avancer à leur côté. Ils ont tant de bonheur à nous apporter et il est si simple de les aimer !!!

CMP : Centre Médico Psychologique
MDPH : Maison Départementale des personnes Handicapées
PPS : Projet Personnalisé de Scolarisation
Dyslexie : Trouble de l’apprentissage du langage écrit
Dyspraxie : Trouble de la coordination motrice
Dysphasie : Trouble neurodéveloppemental du langage qui affecte la compréhension ou l’expression d’un message verbal.

Manuela SEGUINOT