dimanche 20 janvier 2019

Enfants placés : de la famille d'accueil à la rue, il n'y a qu'un pas !!





Je poursuis mon ressenti concernant le reportage « Les enfants placés de la République » car je ne peux rester silencieuse après avoir découvert de telles atrocités. La seconde option pour ces enfants placés :

2/3 : Deuxième cas : Famille d’accueil.

Je me refuse de faire une généralité des situations très graves et destructrices qui ont pu être évoquées. Pour autant, je retiens l’expérience d’un enfant qui a bien connu le placement en famille d’accueil. Je parle de Lyès LOUFFOCK, jeune homme que j’ai découvert à travers le reportage et qui, pour moi désormais, est comme le porte-parole de ces jeunes en grande souffrance.

A travers son parcours, le récit qu’il en fait et les actions qu’il mène afin de lutter contre la maltraitance au sein des différentes structures où sont recueillis les enfants placés par l’Aide Sociale à l’Enfance, Lyès laisse entrevoir une lueur d’espoir.

On a pu apercevoir durant le reportage à quel point cette situation pouvait être lourde de conséquence pour l’avenir. Avenir incertain qui peut conduire vers la rue avant même de pouvoir s’en rendre compte. C’est le cas de quatre jeunes que l’on découvre et qui nous raconte à quel moment ils se sont retrouvés Sans Domicile Fixe dès le jour de leur 18ème anniversaire.

Une jeune femme évoque s’être retrouvée à la rue le jour de sa majorité. Sortant d’un foyer, elle nous affirme que la structure qui l’accueillait s’était engagée à l’aider dans ses démarches. Il n’en est rien. Alicia s’est, du jour au lendemain, retrouvée livrée à elle-même, sans aucun soutien, sans aucune aide et surtout sans logement ou lieu de vie où elle aurait pu être en sécurité.

Ce groupe d’amis erre dans la rue toute la journée. Ils affirment préférer faire « la manche » plutôt que de voler pour pouvoir se nourrir. Chacun sa méthode pour palier aux difficultés de la rue, ils relativisent et se contentent de très peu. 2 Euros 70 pour le repas d’une journée !!!

J’ai beaucoup d’affection pour ces jeunes en grande précarité. A travers leur parcours dans la rue, je revis de plein fouet, l’expérience de vie de ma sœur aînée qui a vu sa vie sombrer du jour au lendemain sans crier garde. Plus aucun repère, plus aucun cadre, plus aucun soutien, plus de nourriture, plus de toit, la peur au ventre chaque jour un peu plus et, comme si cela ne suffisait pas, les conditions climatiques n’aidaient pas.

J’ai eu très peur pour ma sœur, à peine âgée de 16 ans lorsqu’elle s’est retrouvée Sans Domicile Fixe. Impuissante mais, consciente de tout ce que cela engendrait, je ne vivais qu’à demi-souffle. Tous les enfant, même majeur, (car pour moi à 18 ans, tous ne sont pas près à se lancer dans la vie) devraient être accompagnés. Nul ne devrait se retrouver sans abri.

Dans un Pays comme le nôtre, comment peut-on accepter que des jeunes issus d’un système tels que l’Aide Sociale à l’Enfance puisse commencer leur vie d’adulte dans de telles conditions ? C’est honteux !!! En plus de leur parcours douloureux, la continuité n’est pas meilleure, cela me révolte tellement. J’ai terriblement mal au cœur en écrivant ces quelques lignes.

Les chiffres d’enfants placés en famille d’accueil sont affolants : 40 000 jeunes placés en France. Je suis révoltée de m’apercevoir du nombre incroyable évoqué. Cela va de paire avec la suite de mes propos. Comme pour beaucoup de profession du social et de l’enfance, là encore, il y a beaucoup de dysfonctionnements. Je n’en fais malgré tout pas une généralité mais, il y a des situations dont il faut parler sans filtre.

Les modalités d’obtention d’agrément pour devenir famille d’accueil restent limités. Visiblement, deux entretiens suffisent. Ce qui peut paraître léger surtout pour des accueillants n’ayant pas d’enfants !!Une femme nous explique tout cela à travers le reportage. Elle et son mari, accueillent 6 enfants dont 1 avec des troubles du comportement. Ils indiquent ne rien connaître des enfants qu’on leur confie. Aucun élément n’est donné, aucune information médicale, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes n’ayant que leur instinct pour les prendre en charge au quotidien.

Un autre couple nous fait part de son expérience ? Eux, ont leurs deux garçons placés en famille d’accueil. La première famille accueillant ces enfants était maltraitante. Il aura fallu près d’un an pour que les parents s’en rendent comptent. Ils ont porté plainte et un juge a prononcé une condamnation que je trouve aberrante : une amende de 500 Euros mais surtout, le maintien de l’agrément de cette femme qui a reconnue avoir violenté ces enfants.

C’est honteux, il y a peu encore, les journaux évoquaient la remise en cause de la « gifle » donné à son enfant avec une proposition de textes de loi et là, pour une femme dont le rôle est de protéger ces garçons en souffrance, on attribue seulement une amende et attendons patiemment de nouvelles victimes…

Il y a tellement de choses à faire pour que toutes ces horreurs ne puissent plus se produire. J’espère sincèrement qu’un jour il n’y aura plus de personnes Sans Domicile Fixe, livrées à elles-mêmes. Nous devons améliorer le système de l’Aide Sociale à l’Enfance, des contrôles rigoureux et réguliers devraient être mis en place afin de s’assurer du bien-être des enfants placés. Comment peut-on ne pas agir face à de telles violences, de tels dysfonctionnements ?

Le cas de cette jeune femme Alicia m’a profondément touchée. D’une part parce qu’elle fait écho à ma vie personnelle mais aussi parce que j’ai moi-même dû me lancer dans la vie sans y être préparée. D’abord, la rue puis, Cœur de Femmes, le foyer jeunes travailleurs et enfin nouveau départ pour une nouvelle vie avec un toit, un enfant et un travail pérenne. 

Je tiens à faire part de mon parcours car en dehors du passage via l’Aide Sociale à l’Enfance, l’arrivée dans la rue de jeunes peut se faire différemment, rapidement et être tout aussi destructeur.

Manuela SEGUINOT

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