Je poursuis mon ressenti
concernant le reportage « Les enfants placés de la République » car
je ne peux rester silencieuse après avoir découvert de telles atrocités. La
seconde option pour ces enfants placés :
2/3 : Deuxième cas : Famille d’accueil.
Je me refuse de faire une
généralité des situations très graves et destructrices qui ont pu être évoquées.
Pour autant, je retiens l’expérience d’un enfant qui a bien connu le placement
en famille d’accueil. Je parle de Lyès LOUFFOCK, jeune homme que j’ai découvert
à travers le reportage et qui, pour moi désormais, est comme le porte-parole de
ces jeunes en grande souffrance.
A travers son parcours, le récit
qu’il en fait et les actions qu’il mène afin de lutter contre la maltraitance au
sein des différentes structures où sont recueillis les enfants placés par l’Aide
Sociale à l’Enfance, Lyès laisse entrevoir une lueur d’espoir.
On a pu apercevoir durant le
reportage à quel point cette situation pouvait être lourde de conséquence pour l’avenir.
Avenir incertain qui peut conduire vers la rue avant même de pouvoir s’en
rendre compte. C’est le cas de quatre jeunes que l’on découvre et qui nous
raconte à quel moment ils se sont retrouvés Sans Domicile Fixe dès le jour de
leur 18ème anniversaire.
Une jeune femme évoque s’être
retrouvée à la rue le jour de sa majorité. Sortant d’un foyer, elle nous affirme
que la structure qui l’accueillait s’était engagée à l’aider dans ses
démarches. Il n’en est rien. Alicia s’est, du jour au lendemain, retrouvée
livrée à elle-même, sans aucun soutien, sans aucune aide et surtout sans
logement ou lieu de vie où elle aurait pu être en sécurité.
Ce groupe d’amis erre dans la rue
toute la journée. Ils affirment préférer faire « la manche » plutôt
que de voler pour pouvoir se nourrir. Chacun sa méthode pour palier aux
difficultés de la rue, ils relativisent et se contentent de très peu. 2 Euros
70 pour le repas d’une journée !!!
J’ai beaucoup d’affection pour
ces jeunes en grande précarité. A travers leur parcours dans la rue, je revis
de plein fouet, l’expérience de vie de ma sœur aînée qui a vu sa vie sombrer du
jour au lendemain sans crier garde. Plus aucun repère, plus aucun cadre, plus
aucun soutien, plus de nourriture, plus de toit, la peur au ventre chaque jour
un peu plus et, comme si cela ne suffisait pas, les conditions climatiques n’aidaient
pas.
J’ai eu très peur pour ma sœur, à
peine âgée de 16 ans lorsqu’elle s’est retrouvée Sans Domicile Fixe.
Impuissante mais, consciente de tout ce que cela engendrait, je ne vivais qu’à
demi-souffle. Tous les enfant, même majeur, (car pour moi à 18 ans, tous ne
sont pas près à se lancer dans la vie) devraient être accompagnés. Nul ne
devrait se retrouver sans abri.
Dans un Pays comme le nôtre,
comment peut-on accepter que des jeunes issus d’un système tels que l’Aide Sociale
à l’Enfance puisse commencer leur vie d’adulte dans de telles conditions ?
C’est honteux !!! En plus de leur parcours douloureux, la continuité n’est
pas meilleure, cela me révolte tellement. J’ai terriblement mal au cœur en
écrivant ces quelques lignes.
Les chiffres d’enfants placés en
famille d’accueil sont affolants : 40 000 jeunes placés en France. Je
suis révoltée de m’apercevoir du nombre incroyable évoqué. Cela va de paire
avec la suite de mes propos. Comme pour beaucoup de profession du social et de
l’enfance, là encore, il y a beaucoup de dysfonctionnements. Je n’en fais
malgré tout pas une généralité mais, il y a des situations dont il faut parler
sans filtre.
Les modalités d’obtention d’agrément
pour devenir famille d’accueil restent limités. Visiblement, deux entretiens
suffisent. Ce qui peut paraître léger surtout pour des accueillants n’ayant pas
d’enfants !!Une femme nous explique tout cela à travers le reportage. Elle
et son mari, accueillent 6 enfants dont 1 avec des troubles du comportement. Ils
indiquent ne rien connaître des enfants qu’on leur confie. Aucun élément n’est donné,
aucune information médicale, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes n’ayant que
leur instinct pour les prendre en charge au quotidien.
Un autre couple nous fait part de
son expérience ? Eux, ont leurs deux garçons placés en famille d’accueil. La
première famille accueillant ces enfants était maltraitante. Il aura fallu près
d’un an pour que les parents s’en rendent comptent. Ils ont porté plainte et un
juge a prononcé une condamnation que je trouve aberrante : une amende de
500 Euros mais surtout, le maintien de l’agrément de cette femme qui a reconnue
avoir violenté ces enfants.
C’est honteux, il y a peu encore,
les journaux évoquaient la remise en cause de la « gifle »
donné à son enfant avec une proposition de textes de loi et là, pour une femme
dont le rôle est de protéger ces garçons en souffrance, on attribue seulement
une amende et attendons patiemment de nouvelles victimes…
Il y a tellement de choses à
faire pour que toutes ces horreurs ne puissent plus se produire. J’espère
sincèrement qu’un jour il n’y aura plus de personnes Sans Domicile Fixe, livrées
à elles-mêmes. Nous devons améliorer le système de l’Aide Sociale à l’Enfance,
des contrôles rigoureux et réguliers devraient être mis en place afin de s’assurer
du bien-être des enfants placés. Comment peut-on ne pas agir face à de telles
violences, de tels dysfonctionnements ?
Le cas de cette jeune femme
Alicia m’a profondément touchée. D’une part parce qu’elle fait écho à ma vie
personnelle mais aussi parce que j’ai moi-même dû me lancer dans la vie sans y
être préparée. D’abord, la rue puis, Cœur de Femmes, le foyer jeunes travailleurs
et enfin nouveau départ pour une nouvelle vie avec un toit, un enfant et un
travail pérenne.
Je tiens à faire part de mon parcours car en dehors du passage
via l’Aide Sociale à l’Enfance, l’arrivée dans la rue de jeunes peut se faire
différemment, rapidement et être tout aussi destructeur.
Manuela SEGUINOT
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