vendredi 5 février 2021

Une histoire qui pique le coeur ...

 


1/ Pourquoi avoir écrit ce livre « L’amour qui pique les yeux » ?


J’avais besoin d’honorer Camille. Car personne ne le fera à ma place. J’avais besoin de partager cette histoire, NOTRE histoire, avec le monde entier. Bien sûr, ce livre parle de handicap, mais avant tout, ce livre parle d’amour, et du lien, si fort, si puissant qui me lie à mon frère. Et qui lie souvent les familles frappées par le handicap.
J’ai écrit ce livre pour faire marcher Camille. Pour qu’il erre dans la vie des autres … Lui, qui n’ira jamais nulle part.
Et puis, je crois que je voulais laisser une trace. SA trace. Ce livre rend notre histoire réelle, concrète, et j’en avais besoin.

2/ A qui s’adresse t’il ?


Il s’adresse à Camille. A ma mère. A la petite fille que j’étais. Il s’adresse à tous les enfants de cette Terre et à tous les parents qui se posent des questions. Ce livre s’adresse aussi aux enfants « qui vont bien ». J’ai été et je suis cet enfant, celui qui transpire la santé, et qu’on croit capable de grandir tout seul. Ce n’est pas vrai, aucun enfant ne peut grandi comme ça.
J’avais envie de leur dire qu’on n’est pas seuls, que des tas d’enfants en bonne santé vivent la même chose que nous.
Je suis très fière, parce que j’ai eu beaucoup de retours de frères et de soeurs comme moi. Je suis fière de me dire qu’on peut créer une « communauté » et faire de nos « traumas » quelque chose qui réunit.

3/ À travers votre livre, quel message souhaitez-vous faire passer ?


Que l’amour gagne. Et qu’avec beaucoup d’amour, beaucoup de persévérance, on peut quand même être heureux au milieu du feu.
Au-delà d’un message, j’aimerais que mon livre ait un objectif, grand certes, mais je n’ai pas peur : j’aimerais que ce livre rassemble, qu’il réconcilie. J’aimerais que ce livre permette d’ouvrir des portes, créer des ponts, et qu’il favorise les pardons.
Pardonner à soi, pardonner à sa famille et surtout, pardonner à la vie, c’est une lutte. J’aimerais que ce livre facilite les choses à ce niveau.

4/ Qu’elle est votre vision du handicap ? Du polyhandicap ?


J’en parle forcément beaucoup dans mon livre, pour moi, le handicap c’est une interminable trahison. C’est quelque chose de très injuste et qui ne répond à aucune règle.
Mais à la fois, le handicap, le poly-handicap ouvrent d’autres mondes. Grâce à Camille, j’ai accès à un Monde, à un état émotionnel que je n’aurais jamais connu sans lui. La lumière qu'il m’a transmise et qu’on partage, c'est la chose la plus précieuse que j’ai.

5/ Quelles difficultés avez-vous rencontrées face au handicap de votre frère ?


J’ai toujours été fière d’avoir le frère que j’ai, et je n’ai que très rarement voulu un autre frère que Camille, je n’ai pas eu de difficultés à gérer le handicap de mon frère. Les seules difficultés que je connais sont liées à la douleur que Camille doit subir quelquefois, et au manque de considération qu’on lui porte.
Quand Camille est heureux, quand il ne souffre pas, quand il me sourit, et quand on cherche à le comprendre, je n’ai aucune difficulté ressentie, je nous trouve même chanceux d’avoir la vie que nous avons. Dès qu’il montre un signe de faiblesse, ou dès qu’on ne s’attache pas à le traiter avec respect et bienveillance, en un instant, je tombe dans les abîmes.
Ma plus grande difficulté, c’est que Camille est ma force, mais c’est aussi ma plus grande faiblesse. Et ce, pour toujours.

6/ Quel est votre avis sur la prise en charge et la reconnaissance du handicap ?


Nous faisons des progrès, mais le chemin est encore bien long …
Nous avons du mal avec l’inclusion dans notre pays, et malgré certains efforts, le handicap est encore un « gros » mot. Ce n’est pas toujours dit clairement, ni assumé, mais c’est encore un mot qui fait trop mal, en mon sens.
La reconnaissance du handicap, pour moi, passe forcément par la reconnaissance des personnes qui prennent soin de l’Autre.
Lorsque je constate l’investissement de certains éducateurs dans le centre dans lequel est placé Camille, et que je suis forcée de voir le peu de reconnaissance, le peu de gratifications qu’on leur porte, il ne faut pas s’étonner que notre pays soit dans l’état dans lequel il est.
C’est par ça que passe pour moi la santé d’un pays. Et de ce point de vue, la France, mon cher pays, va TRES mal.

7/ Comment va votre frère aujourd’hui ? Comment allez-vous ?


Camille va bien, il est surprenant et s’est très bien adapté au confinement, aux changements de quotidien qui ont eu lieu ces derniers mois. Camille manque d’un projet éducatif, nous nous battons pour qu’il en ait un, et qu’on puisse l’accompagner dans ce projet, c’est l’étape 2021 !
Moi, je vais bien !
Le confinement est difficile pour moi, je déteste les contraintes et j’ai vraiment l’impression que notre quotidien est jonché de contraintes, de difficultés.
Mais, je sais que le soleil finit toujours par se lever, Camille me l’a appris, donc j’y crois très fort. J’ai hâte que la vie reprenne ses droits. J’ai hâte qu’on récupère un peu notre humanité qui nous manque, cruellement actuellement.

8/ Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux personnes qui se sentent découragées face au handicap d’un de leur proche ?


Le mot « conseil » ne me plait pas trop.
Je parlerais simplement de mon expérience. Ce qui m’a sauvé, c’est d’avoir pu en parler, et avoir pu partager mes difficultés et mes angoisses de petite fille avec ma mère. Il n’y a jamais eu de sujet tabou, et j’ai toujours su que je pouvais tout lui dire, même mes émotions les plus noires.
Ma mère m’a appris à accepter aussi. Elle m’a appris à accepter d’être dépassée. Elle m’a donné le droit de dire que c’était trop quelquefois et que je ne voulais pas vivre cette vie-là.
On a le droit à l’erreur, et le handicap ne déroge pas à ce droit.
La seule exigence qu’on doit avoir avec nous-même, elle est simple : donner le meilleur, faire de son mieux.


9/ Quel est votre « Leitmotiv » au quotidien ?


Mon leitmotiv réside en 3 mots, et j’y pense chaque matin : célébrer la vie.



10/ Y aura t’il une suite de cette belle aventure ?


J’espère …Et … Je ne sais pas ... Je suis très indécise à ce sujet car le 2ème livre est pour moi le plus difficile à écrire.
Il validera ou invalidera pas mal de choses au sujet de l’écriture.
Et puis, mon premier livre est un cri, et crier 2 fois, c’est peut-être beaucoup !

Je ne sais vraiment pas ! Je me dis que si cela doit arriver, cela s’imposera à moi, comme cela a été le cas pour mon premier.


                                                                                Propos recueillis par Manuela SEGUINOT

mercredi 1 avril 2020

Malgré le confinement, n’oublions pas la Journée mondiale de l’autisme



Gabin à rollers ...

1/ Cher Laurent, tout d’abord, comment allez-vous et comment se porte Gabin ?

J’ai la chance d’avoir une nature optimiste et je pense que ça me rend plutôt service en ces temps difficiles. Même si j’ai au début mal vécu que toute ma tournée se retrouve reportée, j’ai aussi une palette de livres – « Gabin sans limites » que je signe après mon spectacle - qui vont végéter dans ma chambre jusqu’en septembre … mais ce serait indécent d’être plaintif actuellement.

Gabin va mieux. Au début il n’était pas dans son assiette non plus. Il a même pleuré, ce qui est rare chez lui. Il se remettait à peine de l’extraction de ses quatre dents de sagesse. Depuis il a retrouvé le sourire.

2/ Le confinement qui nous est imposé n’a rien d’évident, beaucoup de parents d’enfants porteurs de handicap souffrent de la situation. Comment vivez-vous cette période ?

En fait, du fait de l’opération de ses dents de sagesse, notre confinement a finalement débuté dès fin février. 

Quand au lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron du 12 mars, on a appris de l’IME - où il se rend à mi-temps – qu’il était préférable que Gabin ne vienne pas, tandis que tous les organisateurs de spectacle m’appelaient pour reporter mes dates de représentation, on a pris de suite la route de la Bretagne où on aime se confiner au moindre week-end ou en vacances, bien sûr.

On a la chance d’y avoir une petite maison … et j’ai du sang breton !

3/ Nombreuses sont les familles à bout de souffle après 3 semaines au domicile. Comment Gabin vit-il cette situation ? Les autorisations d’une heure de sortie vous semblent elle suffisantes ?

Quand on connaît Gabin et son besoin de se dépenser – son autisme est conjugué à une hyperactivité puissance 10 – une heure, c’est forcément court.

Du coup on fait un parcours très sport, à rollers, of course ! N’oublions pas qu’il prépare les 24H Rollers du Mans avec son team « Gabin sans limites » ! (épreuve sans doute reportée en juin)

4/ Selon-vous, les familles et enfants sont-elles laissées pour compte dans cette lutte contre le virus ? Y a-t-il des choses qui devraient être mis en place rapidement ?

Honnêtement, je pense que la priorité c’est de respecter ce confinement, ce virus semble être une belle saloperie. 

Après, bien sûr, pour beaucoup de familles, c’est galère, galère … mais peut-être que les parents d’enfants, ados … porteurs de handicap(s) sont les mieux préparés, nous sommes habitués à être sans solutions … donc on les trouve, on les bricole, on sait faire, finalement.

5/ Comment jugez-vous l’accompagnement ou le suivi des enfants qui, habituellement, sont en institution / écoles … ? Avez-vous le sentiment pour Gabin, d’être accompagné ? écouté ? conseillé ?

On a plusieurs coups de fil par semaine, ça permet surtout de préparer au mieux l’après. Mais de toute façon la prise en charge de Gabin repose pas mal sur le sport, l’activité physique et le rollers … il y a donc continuité. Par contre, un confinement sans possibilité de sortie, ce serait l’horreur ou disons, très dur.

6/ Le 2 Avril est la journée Mondiale de l’Autisme. On a pu voir au sein de votre vidéo votre mécontentement face aux discours de D.Trump, quel est votre ressenti face à de tels propos ?

Ce n’est pas le propos de Trump, je me suis amusé à l’imiter pour qu’il engueule justement les gouverneurs d’Alabama, Arizona, etc… qui ont pris cette décision de ne pas placer comme prioritaires les enfants, personnes trisomiques, autistes avec déficience intellectuelle, … hélas, un peu partout dans le monde, j’ai bien peur que ce tri dégueulasse se fasse … car des respirateurs il n’y en a hélas pas pour tout le monde. 

Les choses sont donc claires, les personnes handicapées sont des sous-hommes pour certains décideurs, on revit ici les pires heures de l’Histoire … et l’histoire n’est pas finie …

7/ Bien évidemment, tous en BLEU en cette journée Mondiale de l’Autisme. Quel message aimeriez-vous faire passer pour les familles et enfants en souffrance aujourd’hui ?

Qu’il n’y a pas de souffrance à avoir justement. Vivre au mieux, le mieux possible … et ne pas perdre son appétit, son humour … son appétit de vivre ! Et que mon cœur se revêt de bleu pour les soutenir !

8/ Enfin, pour ceux qui ignorent ce qu’est le handicap et plus particulièrement l’autisme, que pourriez-vous leur dire pour que les esprits s’ouvrent davantage à TOUS ceux qui les entourent ?

D’ajouter un S à autisme. L’autisme est très … pluriel ! Certaines personnes ont un QI au dessus de la moyenne avec des difficultés de socialisation. Mais c’est hélas une minorité.

D’autres ont une déficience intellectuelle – le mot n’est pas cool mais c’est une réalité pour un bon tiers des personnes autistes – et/ou ne parlent pas, ne savent pas lire, ont des gros problèmes de comportements. 

Beaucoup peuvent aussi partir dans des crises pas toujours faciles à gérer et ce dans tout le fameux spectre. Personne ne peut donc résumer l’autisme, pardon, les autismes. 

D’ailleurs, dommage que Gabin ne puisse parler, il pourrait lui-même définir son autisme qui est à dix mille bornes de l’autisme d’un Good Doctor ou même de Rain Man.  

Donc, pour s’ouvrir à l’autisme, il faut s’ouvrir à la différence, toutes les différences !

Propos reccueillis par Manuela SEGUINOT





lundi 10 février 2020

" Voir la différence autrement ", entretien avec Alexis de Vigan




1/ Vous êtes à l’initiative de l’exposition « Be original, Be you » offrant un regard bienveillant sur la différence, pouvez-vous nous en dire davantage ?

Le sujet dont je voulais traiter avec ce projet photographique était la question de la norme et de son diktat encore bien présent dans notre société moderne. Conscient que cela puisse être nécessaire à la cohésion d'un groupe, elle atteint selon moi ses limites lorsqu'elle impose une norme esthétique à l'encontre de l'idée d' "ouverture" indispensable dans un monde de plus en plus "petit".
Les personnes dites « différentes » sont trop souvent mises à la marge.

Qu'elle soit visible ou moins visible, je reste convaincu qu'il faut donner à voir la différence et non chercher à la dissimuler comme on cache la poussière « sous le tapis ». C'est malheureusement trop souvent le cas.

2/ Comment en êtes-vous venu à la création de ce projet ?

Au départ j'avais commencé par un projet photo sur le thème de la "Gueule de l'emploi"... Qu'est-ce que cela veut dire "avoir la gueule de l'emploi" ? Il y a-t-il une "gueule de l'emploi" ? etc...

Ma démarche dans cette série de portraits était de bien sûr démontrer que non, absolument pas. Mais très vite je me suis rendu compte que le sujet dont je voulais traiter était en réalité bien plus large que ça... J'ai donc voulu faire une série qui traite de la "différence" dans sa globalité. 

Qu'elle soit visible ou moins visible, synonyme bien souvent d'exclusion, c'est ma manière à moi de nous projeter nous-même face à nos propres préjugés et de remettre en perspective la question du beau dans un monde de plus en plus formaté...

Au-delà du fait que qu'il y a selon moi une profondeur particulière chez des personnes "différentes", je voulais aussi montrer que la beauté est multiple. Le sens du beau pour moi est semblable à celui du goût... Il peut se développer. Pour cela il faut éduquer le regard et donner à voir. Je donne à voir ces personnes telles qu'elles sont. La beauté se trouve bien souvent au-delà...

3/ Comment avez-vous « sélectionné » vos modèles photos ?

Dans la rue, sur les réseaux, par le bouche à oreille... Je marche au coup de cœur. L'histoire de chacun est importante et je vous invite vivement à découvrir chacune d'elle !


4/ Quels messages souhaitez-vous faire passer à travers vos photos ?

Comme disait Camus « Être différent n'est ni une bonne chose, ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même ! »  Il a tout dit.

5/ Une exposition au grand air est assez innovante, pourquoi avoir choisi cette formule ? A quel public votre exposition est-elle destinée ?

Voir ce projet uniquement dans une galerie avec petits fours et champagne n'avait pour moi pas grand intérêt. Jean-Marc Nicolle (Maire du Kremlin Bicêtre) m'a tout de suite rejoint dans l'idée que l'exposition devait se dérouler sur la place publique, au cœur de la cité, afin qu'elle puisse sensibiliser le plus grand nombre.

Je l'en remercie pour cela, cela apporte une dimension sociale à l'artistique, bien utile en ces temps où les gens regardent davantage ce qui les sépare que ce qui peut les rassembler.

6/ Pour vous qu’est-ce que la différence ? Quel regard portez-vous sur ce sujet sociétal quelque peu délicat ?

La différence est un point de vue, comme le beau. Moi je les trouve beaux, les trouvez-vous différents ?

7/ Y aura-t-il une continuité de projets à « Be original, Be you » ?


Je l’espère ! Il ne s’agit pour moi que de l’acte 1. J’aimerais pouvoir faire vivre cette exposition dans d’autres lieux, dans d’autres villes, avec d’autres portraits et pourquoi pas un livre…

Propos recueillis par Manuela SEGUINOT

Exposition à voir absolument au Kremlin Bicêtre !!


e l'espère ! Pour moi il ne s'agit que d'un acte 1. J'aimerais pouvoir faire vivre ce$e exposion
dans d'autres lieux, d'autres villes, avec d'autres portraits, et pourquoi pas un
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lundi 9 décembre 2019

Emmanuelle ou un destin pas comme les autres





1/ Peux-tu nous parler de toi, de ton quotidien et de ta vision du handicap  en quelques lignes ?

Je m'appelle Emmanuelle , je suis IMC ( infirme moteur cérébral ) J'ai fais 2 AVC à l'âge de 2 ans suite aux vaccins et à une anomalie sanguine génétique. Et je suis dépendante d’auxiliaires de vie au quotidien.

J'ai toujours vu mon handicap physique comme une force , un défi me permettant d’être plus forte, d'apprendre et de m'éveiller à la spiritualité et à moi même !

2/ Quel regard portes-tu sur ce qu’on nous vends comme inclusion pour les personnes concernées par le handicap ?

Tout ce que l’on dit sur l’inclusion des personnes handicapées c’est du vent , c’est pour faire illusion et vendre du rêve. Peu de personnes s’impliquent réellement à faire changer et bouger les choses.


3/ Tu as vécu le harcèlement scolaire, c’est un sujet vif et encore très douloureux, peux-tu nous en parler ?

Oui j’ai vécu le harcèlement , ça a été dur car je n’en ai pas réellement parlé. 
Des camarades de classe qui m’insultaient , m’humiliaient, faisaient de l’intimidation , m’ont mis sous une gouttière qui dégoulinait d’eau , car il pleuvait , mon fauteuil électrique était en mode manuel donc je ne pouvais pas l’actionner avec la manette et ne pouvais me sortir de là toute seule , au bout de 10 min quelqu’un m’a vu et m’a sorti de cette galère. Et m’a emmené à l’infirmerie afin que je change de vêtements.


4/ Selon-toi, est il important de sensibiliser au handicap d’une part et au harcèlement d’autre part? Pourquoi ?

Oui c’est important de sensibiliser au handicap pour ouvrir les consciences et que ça fasse partie de la société et que l’on ne soit plus cachés , isolés , mais intégrés à la société comme tout le monde.

Oui c’est important de sensibiliser au harcèlement pour montrer que ça existe que c’est bien réel et que ça peut toucher tout le monde même les personnes handicapées entre elles ne sont pas tendres, car nous sommes comme tout le monde.


5/ Tu bénéficies d’un accompagnement Handi’chiens avec la jolie Épice, peux-tu nous dire à quoi cela consiste et quelle relation as-tu avec Épice ?

Epice me permet de faire des choses que je ne peux pas toute seule comme ramasser des objets , ouvrir des portes, placards.

Mais c’est surtout un lien social énorme dans la rue , les magasins, les lieux publics au lieu de me regarder de travers à cause du handicap et du fauteuil de m’ignorer.

Là grâce à elle, on me parle d’elle , on la caresse, on me pose des questions sur elle , et on se rend compte que je sais parler et donc le dialogue se fait normalement et ça change tout.


6/ Quel regard portes-tu sur notre société ? Pour toi, que faudrait-il faire pour évoluer positivement en faveur des personnes en situation de handicap ?

La société en général ne prend pas assez en compte les personnes handicapées , l’accessibilité des lieux , les transports en commun. 

Elle nous isole. Il faudrait nous inclure. Arrêter de baisser nos revenus dès qu’on se met en colocation , pacs ou mariage. Nous intégrer tous dans la vie professionnelle et non dans les ESAT , car chacun a des capacités qui lui sont propres.

Il faudrait aussi augmenter l’aide que l’on reçoit au niveau du conseil général afin de payer les associations et les auxiliaires de vie. Exemple dans le 92 la PCH ( prestation de compensation du handicap ) est à 17.77e/h. Alors que dans le 91 elle est à 20e/h. Pourquoi ces différences ? Ces disparités selon les départements ??  

Il faudrait augmenter tout ça afin que l’on ai le choix de choisir l’association que l’on veut vraiment et pas choisir l’association la moins chère qui peut s’aligner sur le tarif du conseil général .Comme ça , ça permettrait peut être d’augmenter les salaires des auxiliaires de vie et de ce fait d’avoir une meilleure qualité.

Il faudrait aussi que notre AAH ( allocation adulte handicapée) soit au moins au niveau du Smic pour tous celles et ceux qui ne peuvent travailler et que l’on arrête de vivre sous le seuil de pauvreté, qu’on ai un meilleur pouvoir d’achat et de possibilités de sortir , loisirs etc…..

Il faudrait aussi que l’on puisse se déplacer comme on veut sans refus de transport et à un prix abordable en fonction de nos revenus. 

Car si le service de transport financé par l’état est complet il y a quoi comme solution ???? Les taxis hors de prix , les Uber y’en a que 12 d’adaptés sur la flotte parisienne et les services de transports privés sont à 80e le trajet ???? Quelle personne handicapée peut mettre ce prix ???? Notre AAH est à peine à 900e.  Donc il y a un réel dysfonctionnement.


7/ Tu dénonces avec colère les dysfonctionnements de certains aidants à domicile et de leur comportement. Peux-tu nous expliquer pourquoi es-tu en colère ?

Oui je dénonce les dysfonctionnements de certaines associations et auxiliaires de vie. Le salaire est tellement bas que les recrutements se basent sur des gens qui ne peuvent faire que ça, car les associations peuvent prendre des gens sans diplôme. 

Cependant le diplôme ne fait pas tout il est nécessaire d’avoir un coté humain compatissant à l’écoute et dans l’entraide de son prochain. 

Comme le patron n’est pas sur place , personne ne peut voir si l’employée travaille, ou si elle passe son temps sur son téléphone. Si elle a un comportement correct avec le client ou pas. Il peut y avoir des mots blessants , injuriant, ou des critiques sans cesse ajoutés à des jugements sur la vie et l’entourage de  la personne dans le besoin. 

C’est un métier compliqué et il est nécessaire de le re valoriser et remettre des valeurs humaines dans celui-ci.

Propos recueillis par Manuela SEGUINOT



jeudi 5 décembre 2019

Les aventures d'un chat pas comme les autres : Meufine...





Peter nous a offert un nouveau projet, avec un personnage pas comme les autres : « Meufine le chat ». Humour et bienveillance sont bien évidemment au rdv !!

1/ Peter, pouvez-vous nous dire comment est né le personnage de Meufine ?

 C’est simplement mon chat. Meufine. Qui dort à côté de moi toute la journée.
Je suis fan des BD sur les chats comme «Garfield», le «Chat» de Geluck, «Putain de chat» de Lapuss’.

C’est aussi l’animal préféré des Français et des dessinateurs. Même s’il y a déjà plein de BD sur le sujet, j’avais envie d’y apporter ma pierre à l’édifice. Alors j’ai fait un mélange entre les strips, les pensées de Geluck et un concept nouveau : un chat qui ne bouge pas. Qui reste toujours dans la position du dormeur de Rodin. (Rire)
Les lecteurs sur les réseaux sociaux en sont friands. Ça les calme apparemment.

2/ Quels messages souhaitez-vous faire passer à travers ce chat trop mignon ?

A la fois plein de messages car ce sont des « pensées-gags». Mais pas un message en particulier. C’est au fil de mes idées, envies, mes jeux de mots. Je suis friand des pensées et des blagues sur l’actualité. J’essaye de faire tout ça. Avec un chat qui ne bouge pas. Ça me fait rire. Je dirais que ça me défoule et ça fait du bien à tout le monde. Vous êtes dans les bouchons ? Meufine se moque des bouchons et là, toutes les personnes qui sont dans les bouchons rigolent. Ça fait du bien.

3/ Pourquoi avoir choisi un animal comme personnage principal de Bande dessiné ? Quelle représentation en avez-vous ?

Pour moi, le chat représente la paix, le silence... Je n’ai pas une vie de paix et de silence. Avec le handicap, c’est un quotidien difficile.
Donc ma Meufine me repose et ça repose plein de lecteurs qui ont une vie difficile aussi. Les enfants énervés etc...
C’est de la sophrologie de l’humour ! Et j’adore les chats.

4/ L’auto-édition n’est pas un choix évident, pourtant il aura permis la publication rapide de Meufine, pouvez-vous nous parler de ce genre de formule et de votre ressenti face aux éditeurs ?

Cela fait quelques mois que je diffuse des gags sur les réseaux sociaux.
J’ai eu tout de suite une demande assez costaud de lecteurs qui me réclamaient Meufine en BD. Aucun éditeur n’était vraiment intéressé car elle ne bouge pas. Pour eux, ça ne marcherait pas.

J’ai eu un message d’une maman qui attendait Meufine en BD pour l’offrir à son fils à Noel. Un enfant malade qui fait peut-être son dernier Noel et qui est fan de la BD sur le téléphone de sa mère. C’est ce message qui m’a donné envie d’enclencher la parution. Avec la demande des lecteurs derrière pour un cadeau de Noel.

Alors j’ai fait appel aux services de « Thebookedition» pour faire vite. Un code ISBn que j’ai payé et hop, il sera dans quelques jours disponible sur le catalogue des libraires et de la boutique.  Donc n’importe qui pourra le commander en librairie. Pratique ! Je ne gère pas le stock ainsi. Et comme ça, le lecteur l’aura pour Noel.

Si un éditeur veut un jour l’éditer, je retirerai celui-là. Ça sera vraiment 17 euros collector pour les enfants et les adultes !

J’aime bien aussi offrir des choses comme ça, un peu inédite pour le lecteur. Cela n’empêche pas les BD que je fais avec les autres éditeurs par la suite. J’ai plein d’idées.   

5/ Point sensible : en cette fin 2019, quel est votre opinion sur l’inclusion tant évoquée ? Meufine y est-il sensible ?

Meufine est justement une pause dans mon combat sur le handicap.
Elle est le chat d’un autiste épileptique. Donc elle connait ça. Pour elle c’est des câlins en plus. Rien de plus !

6/ Avez-vous des projets en cours pour 2020 ?

Oui, un roman graphique avec un gros éditeur. Mais c’est une surprise encore.

7/ Un souhait qui vous tient à cœur pour 2020 ?

Espérons que les gens vont adorer leur Album BD de Meufine et que ce sera le début d’une grande aventure. Et j’espère que 2020 sera moins miséreuse que 2019 en matière de combat social. Courage à tous !

Propos recueillis par Manuela SEGUINOT