samedi 15 juin 2019

Enfants porteurs de handicap, ancrage au cœur des écoles



 J’ai à cœur de partager une nouvelle rencontre qui fait chaud au cœur. Il s’agit de Gael Breton et Edouard Cuel, deux hommes qui n’ont pas froid aux yeux. Ils ont choisi d’évoquer un sujet encore sensible dans notre société : la place de l’Auxiliaire de Vie Scolaire.

A l’origine de « Vincent et moi », vous pouvez retrouver un extrait ici : https://vimeo.com/259759099  Film traitant de la différence. Fort de sens et de conviction, on ne peut que succomber au charme de Vincent et son incroyable papa.

Le sujet du handicap sous toute ses formes n’est pas un hasard, Gael Breton étant atteint de surdité et Edouard Cuel est le papa d’un enfant porteur de Trisomie 21. Ils me racontent avec émotions et sensibilité l’importance pour eux d’aller au bout de ce nouveau projet de film « La tête et le cœur ».

L’objectif de ce film est de montrer à quel point les AVS, maintenant AESH, ont une place primordiale dans l’accompagnement de nos enfants au sein des écoles. On ne se rend pas compte du rôle complexe qu’ils/elles jouent. Le manque de formation, l’invisibilité de leur profession et la précarité contrat/salaire rendent leur métier extrêmement difficile.

Il y a encore beaucoup à faire pour qu’enfin, ces professionnels soient reconnus pour le travail qu’ils font. Très souvent, ils font avec les moyens du bord, le bon vouloir de la direction et l’instituteur en charge de l’enfant. Ils se retrouvent seuls, confrontés à leurs difficultés sans avoir d’interlocuteur immédiat.

Il était indispensable pour Gael et Edouard de sensibiliser au lien qui se tisse entre les enfants et les AVS. Les enfants s’accrochent à cette aide qui leur est attribuée. Bouée de secours en cas de détresse. Echange, partage, affection sont au rendez-vous, dans un sens comme dans un autre. C’est ainsi que de belles relations naissent et permettent aux enfants de gravir les étapes les unes après les autres.



Il y a aussi toute la pédagogie mise en place par certain(e)s AVS pour aider les enfants et adapter les méthodes pour favoriser leur réussite. Travail personnel, d’équipe parfois mais surtout, investissement personnel très peu voire jamais reconnu.

Ce projet me tient à cœur car j’ai été AVS durant quelques années, j’ai fait de très belles rencontres qui resteront gravées en moi. Je suis ressortie écorchée vive de cette aventure hors-normes. Faute de reconnaissance, de pérennisation, on perd espoir et partons à contre-cœur. Pour ma part, ce fut un déchirement de quitter les enfants dont je m’occupais.

Un lien incroyable s’est tissé entre nous et leur famille. Cette attache a été possible grâce aux enseignants que j’ai pu rencontrer. Il ne faut pas être dupe, si le lien avec l’enseignant(e) se passe mal, je pense que la relation avec l’enfant et la famille peut être complètement différente.

Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte en tant qu’AVS. De l’extérieur, personne ne peut s’en rendre compte. L’aspect moral et physique est intimement lié dans cette profession. On peut très vite perdre pieds.

Démunis, épuisés, seuls, sont les mots qui reviennent dès lors que l’on se projette sur le métier d’AVS. J’espère sincèrement que les choses vont changer et que toute la lumière sera faite sur la réalité de terrain de ces professionnels qui survivent.

Vous trouverez ici le lien pour la participation à la cagnotte qui permettra à ce Grand projet de voir le jour : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/la-tete-et-le-coeur. On a de cesse de crier à quel point ce métier est dévalorisé et dévalorisant. Voici une occasion de le faire connaître aux yeux de tous, de lui donner tout son sens et toute sa valeur.

Vous pourrez grâce à ce lien, lire le synopsis de ce film de 52 min, découvrir qui sont Gael et Edouard, comprendre l’importance de vos dons à cette cagnotte et surtout PARTICIPER !!!

Ensemble, on est plus forts !!



Manuela SEGUINOT



jeudi 13 juin 2019

Apprendre à communiquer différemment




J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer Sophie d’Olce, auteur de « Signer avec son bébé » et fondatrice de la Compagnie Maya que vous pouvez découvrir ici : https://compagniemaya.com/

Nous avons échangé librement, naturellement avec la même passion pour transmettre aux enfants des savoirs qui nous sont propres. Peu importe la méthode, l’outil utilisé, nous sommes d’accord pour dire que l’impact maternel qui nous envahit est la base de notre transmission. Ensuite, bienveillance et respect feront la qualité de notre travail.

Je trouvais important de partager avec vous cet ouvrage permettant aux parents d’avoir un outil supplémentaire pour favoriser l’entrée en communication avec son enfant, même s’il n’a pas de problème de surdité !! J’insiste sur ce point car, bien souvent, on associe maladroitement la Langue des Signes Française, aux personnes sourdes ou malentendantes.

Tout comme ce fut le cas pour l’autisme, on pourrait croire que la LSF est un phénomène de mode. Pour ce qui concerne Sophie d’Olce, ce n’est absolument l’objectif des ateliers, stages qu’elle anime, bien au contraire...

Maman de deux enfants, elle s’est mise à signer avec eux dès leur plus jeune âge et nous assure de l’aspect positif qui en ressort pour favoriser la communication. Elle nous confie que son aîné signe avec sa petite sœur, ce qui tisse un lien fraternel encore plus fort.

Dans son livre, Sophie d’Olce, nous offre les bases de la communication en LSF pour pouvoir communiquer avec bébé. Du bain au repas, en passant par les émotions, tous les mots importants pouvant permettre aussi bien aux enfants qu’aux parents de s’exprimer y sont parfaitement illustrés. Vous pouvez vous le procurer via ce lien : https://www.lisez.com/livre-grand-format/signer-avec-son-bebe-une-communication-gestuelle-bienveillante/9782412044988



Il en est de même lors des ateliers parents/enfants organisés par la Compagnie MAYA. Je vous invite chaleureusement à découvrir les différents ateliers et stages proposés ici : https://compagniemaya.com/signes-avec-bebe/

Malgré tout, il me semble indispensable de rappeler que la Langue des Signes Française a été interdite en France :
« Pendant longtemps, les personnes sourdes (personnes atteintes de surdité), isolées, n’ont pu enrichir leurs langues signées et ont dû se contenter d’une gestuelle simpliste ; de ce fait, ne disposant pas d’une langue élaborée, ils passaient parfois pour simples d'esprit. C’est dans les familles de sourds qu’ont pu s’élaborer les premiers fondements de la LSF, et c’est en se regroupant qu’ils ont pu enrichir leur langue.
L'histoire des personnes sourdes et de la communauté Sourde prend ses racines depuis le début de l'humanité. Selon Platon et Aristote, la surdi-mutité ne permettait pas l'accès au langage (vocal), et donc ne permettait pas l'accès à la raison. Il faudra attendre le début de la Renaissance pour que surdité et mutisme soient différenciés physiologiquement, grâce à la dissection de cadavres.
C'est donc à partir de ce moment qu'a commencé l'éducation phonique, alors qu'au ve siècle, Saint Jérôme et Saint Augustin avaient reconnu une gestualité particulière chez les personnes sourdes, qui s’élevait au statut de langue à part entière, permettant de les mener à la foi

Le congrès de Milan de 1880 et l'interdiction de la langue des signes en classe
Cependant, les oralistes considèrent que les personnes sourdes doivent apprendre à parler pour s’intégrer dans la société. Le congrès de Milan en 1880 — où l’immense majorité des participants est entendante — décrète l’abandon de la langue des signes dans l’enseignement.
Trois raisons sont invoquées : la LSF ne serait pas une vraie langue, la parole aurait été donnée par Dieu comme moyen de communication, et les signes empêcheraient les sourds de bien respirer, ce qui favoriserait la tuberculose.
Cette interdiction dure près de cent ans, pendant lesquels les professeurs sont entendants et utilisent exclusivement la méthode oraliste. Cependant, malgré l’interdiction de signer en classe, la LSF ne disparaît pas, les personnes sourdes se la transmettant de génération en génération, la plupart du temps pendant la récréation. » (Source Wikipédia)

La différence fait encore peur aujourd’hui dans notre société. De trop nombreux préjugés sont encore ancrés dans les mentalités. La Langue des Signes Française devrait être enseignée au sein des écoles et une sensibilisation devrait se faire naturellement.

Les personnes sourdes ont un handicap invisible contrairement aux personnes avec Trisomie 21. Du coup, ils sont oubliés, encore plus exclus, ce qui est parfaitement injuste. Les handicaps invisibles devraient avoir la même considération que les handicaps visibles. La souffrance est la même, les préjudices aussi.

Le chemin vers l’inclusion est encore très long et il faut absolument continuer à sensibiliser sur tous les handicaps.

Manuela SEGUINOT


Sophie d’OLCE nous parle de son livre ://www.youtube.com/watch?v=KSOpPAVn35w