Je découvre avec écœurement et
colère le reportage « Les enfants placés de la République ». Je suis une mère de famille et professionnelle exerçant auprès d’enfants de tout âge depuis de nombreuses
années, avec la spécificité du handicap.
J’étais déjà spectatrice des
dysfonctionnements de notre société vis-à-vis des enfants porteurs de handicap
ne bénéficiant pas de prise en charge optimale : manque d’AVS, personnel
non formé, retard du système éducatif, enseignants à bout…
J’ai voulu dénoncer
une fois de plus les difficultés d’inclusion dans notre société. Même si je l’imaginais,
j’étais très loin de l’ampleur des dégâts dans les structures d’accueils pour
enfants placés.
Le système de l’aide Sociale à l’Enfance
est horrible et destructeur. Je l’ai souvent dit à travers mes articles, nous
ne voyons pas ce qu’ils se passent derrière les portes d’établissements
accueillants des enfants en difficultés. Les familles ne peuvent que subirent
tant que des faits ne leurs sont pas concrètement évoqués.
1/3 : Premier cas : les foyers :
Le reportage démontre là encore
de nombreuses problématiques. A commencer par le recrutement. Un journaliste,
non diplômé, sans aucune expérience et ayant envoyé un CV erroné a été recruté
en une semaine. De plus, aucun contrôle du casier judiciaire !! C’est
inacceptable et tellement préjudiciable pour les enfants accueillis. On l’a
laissé partir seul, à 2 reprises, avec des enfants et en voiture. Sans cette
infiltration au sein de ce foyer, impossible de prouver de tels agissements.
Autre ignominie des foyers :
la violence verbale et physique. On peut voir à quel point le quotidien n’est
qu’insultes et violence. Violence de la part des enfants mais aussi de la part
des éducateurs.
Colère et larmes me sont très vite montées lorsque j’ai
visionné la scène d’un éducateur étouffant et frappant un jeune avec un oreiller
à la suite d’une bataille de coussins qui tourne mal. C’est d’une violence insoutenable.
L’éducateur en question le menace sans aucune crainte. Il explique ensuite à
son collègue comment frapper sans qu’il n’y ait de traces sur les enfants (avec
le coude…).
Ces agissements et images ont été
transmise à la direction. Cette femme fut choquée mais prétend être démunie face
à de telles situations. Qu’elle n’a que peu de moyens pour intervenir. Que tout
cela n’est pas visible. Elle indique que des poursuites et mesures vont pouvoir
être prises grâce aux images. Malgré tout, les faits se sont produits et l’agresseur
a pu continuer quelques jours durant d’exercer dans le groupe où se trouve l’enfant
qu’il a violenté. C’est honteux et humiliant pour ce garçon qui est victime de coup
porté par un professionnel.
Sont évoqués aussi, les abus
sexuels et viols entre enfants. Une éducatrice nous raconte le cas d’une
fillette de 4 ans faisant une fellation à un garçon de 10 ans. Cela me répugne
au plus haut point. Elle ajoute que souvent victimes et agresseurs restent des
mois durant dans la même structure, dans le même groupe et qu’il n’y a pas de
suite.
Pour autant, les éducateurs indiquent
que la direction ne peut ignorer toutes ces agressions. Une note d’incident est
répertoriée à chaque fois avec le nom de la personne qui l’établie. Selon eux, la
direction est inactive.
Les agresseurs ne sont pas poursuivis et surtout pas
soignés. Une éducatrice tient des propos qui resteront gravés longtemps dans ma
mémoire : « On fabrique les délinquants et prédateurs sexuels de
demain ». On ne peut ignorer de telles paroles. Faire la sourde oreille
serait trop facile. Tout comme ne pas partager son ressenti après avoir regardé
ce reportage.
Je n’avais jamais entendu parler
de Lyès Louffock. Jeune home de 24 ans, enfant placé dès l’âge de 6 ans,
désormais membre du conseil National Protection de l’Enfance. Il fait brièvement
le récit de son parcours. Il est l’auteur d’un livre : « Dans l’enfer
des foyers ». Ce jeune homme est l’exemple même d’exceptions à la règle.
Fort de son expérience, il s’engage
humainement auprès de jeunes en grande souffrance. Il répond présent aux
sollicitations qui lui sont faites. Selon Lyès, dans chaque département, au
moins un foyer dysfonctionne. Mais aussi, que la maltraitance et les viols y
sont « monnaies courantes ». Constatation accablante et déroutante
lorsque l’on parle d’établissements de l’Aide Sociale à l’Enfance.
Je découvre cet homme avec
beaucoup de plaisir. Ses actions, son combat auprès des enfants sont la preuve
que tous ne sont pas dupes face aux dysfonctionnements de notre société.
Les
répercussions peuvent être dramatiques et destructrices sur le long terme. Il
ne faut pas rester silencieux si nous voulons que les choses évoluent et ne
plus être que de simples spectateurs.
Je suis admirative du parcours de Lyès et
très reconnaissante car grâce au récit de son enfance douloureuse, il offre à beaucoup
d’autres jeunes une lueur d’espoir dans ce tableau si sombre.
Manuela SEGUINOT
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