lundi 9 décembre 2019

Emmanuelle ou un destin pas comme les autres





1/ Peux-tu nous parler de toi, de ton quotidien et de ta vision du handicap  en quelques lignes ?

Je m'appelle Emmanuelle , je suis IMC ( infirme moteur cérébral ) J'ai fais 2 AVC à l'âge de 2 ans suite aux vaccins et à une anomalie sanguine génétique. Et je suis dépendante d’auxiliaires de vie au quotidien.

J'ai toujours vu mon handicap physique comme une force , un défi me permettant d’être plus forte, d'apprendre et de m'éveiller à la spiritualité et à moi même !

2/ Quel regard portes-tu sur ce qu’on nous vends comme inclusion pour les personnes concernées par le handicap ?

Tout ce que l’on dit sur l’inclusion des personnes handicapées c’est du vent , c’est pour faire illusion et vendre du rêve. Peu de personnes s’impliquent réellement à faire changer et bouger les choses.


3/ Tu as vécu le harcèlement scolaire, c’est un sujet vif et encore très douloureux, peux-tu nous en parler ?

Oui j’ai vécu le harcèlement , ça a été dur car je n’en ai pas réellement parlé. 
Des camarades de classe qui m’insultaient , m’humiliaient, faisaient de l’intimidation , m’ont mis sous une gouttière qui dégoulinait d’eau , car il pleuvait , mon fauteuil électrique était en mode manuel donc je ne pouvais pas l’actionner avec la manette et ne pouvais me sortir de là toute seule , au bout de 10 min quelqu’un m’a vu et m’a sorti de cette galère. Et m’a emmené à l’infirmerie afin que je change de vêtements.


4/ Selon-toi, est il important de sensibiliser au handicap d’une part et au harcèlement d’autre part? Pourquoi ?

Oui c’est important de sensibiliser au handicap pour ouvrir les consciences et que ça fasse partie de la société et que l’on ne soit plus cachés , isolés , mais intégrés à la société comme tout le monde.

Oui c’est important de sensibiliser au harcèlement pour montrer que ça existe que c’est bien réel et que ça peut toucher tout le monde même les personnes handicapées entre elles ne sont pas tendres, car nous sommes comme tout le monde.


5/ Tu bénéficies d’un accompagnement Handi’chiens avec la jolie Épice, peux-tu nous dire à quoi cela consiste et quelle relation as-tu avec Épice ?

Epice me permet de faire des choses que je ne peux pas toute seule comme ramasser des objets , ouvrir des portes, placards.

Mais c’est surtout un lien social énorme dans la rue , les magasins, les lieux publics au lieu de me regarder de travers à cause du handicap et du fauteuil de m’ignorer.

Là grâce à elle, on me parle d’elle , on la caresse, on me pose des questions sur elle , et on se rend compte que je sais parler et donc le dialogue se fait normalement et ça change tout.


6/ Quel regard portes-tu sur notre société ? Pour toi, que faudrait-il faire pour évoluer positivement en faveur des personnes en situation de handicap ?

La société en général ne prend pas assez en compte les personnes handicapées , l’accessibilité des lieux , les transports en commun. 

Elle nous isole. Il faudrait nous inclure. Arrêter de baisser nos revenus dès qu’on se met en colocation , pacs ou mariage. Nous intégrer tous dans la vie professionnelle et non dans les ESAT , car chacun a des capacités qui lui sont propres.

Il faudrait aussi augmenter l’aide que l’on reçoit au niveau du conseil général afin de payer les associations et les auxiliaires de vie. Exemple dans le 92 la PCH ( prestation de compensation du handicap ) est à 17.77e/h. Alors que dans le 91 elle est à 20e/h. Pourquoi ces différences ? Ces disparités selon les départements ??  

Il faudrait augmenter tout ça afin que l’on ai le choix de choisir l’association que l’on veut vraiment et pas choisir l’association la moins chère qui peut s’aligner sur le tarif du conseil général .Comme ça , ça permettrait peut être d’augmenter les salaires des auxiliaires de vie et de ce fait d’avoir une meilleure qualité.

Il faudrait aussi que notre AAH ( allocation adulte handicapée) soit au moins au niveau du Smic pour tous celles et ceux qui ne peuvent travailler et que l’on arrête de vivre sous le seuil de pauvreté, qu’on ai un meilleur pouvoir d’achat et de possibilités de sortir , loisirs etc…..

Il faudrait aussi que l’on puisse se déplacer comme on veut sans refus de transport et à un prix abordable en fonction de nos revenus. 

Car si le service de transport financé par l’état est complet il y a quoi comme solution ???? Les taxis hors de prix , les Uber y’en a que 12 d’adaptés sur la flotte parisienne et les services de transports privés sont à 80e le trajet ???? Quelle personne handicapée peut mettre ce prix ???? Notre AAH est à peine à 900e.  Donc il y a un réel dysfonctionnement.


7/ Tu dénonces avec colère les dysfonctionnements de certains aidants à domicile et de leur comportement. Peux-tu nous expliquer pourquoi es-tu en colère ?

Oui je dénonce les dysfonctionnements de certaines associations et auxiliaires de vie. Le salaire est tellement bas que les recrutements se basent sur des gens qui ne peuvent faire que ça, car les associations peuvent prendre des gens sans diplôme. 

Cependant le diplôme ne fait pas tout il est nécessaire d’avoir un coté humain compatissant à l’écoute et dans l’entraide de son prochain. 

Comme le patron n’est pas sur place , personne ne peut voir si l’employée travaille, ou si elle passe son temps sur son téléphone. Si elle a un comportement correct avec le client ou pas. Il peut y avoir des mots blessants , injuriant, ou des critiques sans cesse ajoutés à des jugements sur la vie et l’entourage de  la personne dans le besoin. 

C’est un métier compliqué et il est nécessaire de le re valoriser et remettre des valeurs humaines dans celui-ci.

Propos recueillis par Manuela SEGUINOT



jeudi 5 décembre 2019

Les aventures d'un chat pas comme les autres : Meufine...





Peter nous a offert un nouveau projet, avec un personnage pas comme les autres : « Meufine le chat ». Humour et bienveillance sont bien évidemment au rdv !!

1/ Peter, pouvez-vous nous dire comment est né le personnage de Meufine ?

 C’est simplement mon chat. Meufine. Qui dort à côté de moi toute la journée.
Je suis fan des BD sur les chats comme «Garfield», le «Chat» de Geluck, «Putain de chat» de Lapuss’.

C’est aussi l’animal préféré des Français et des dessinateurs. Même s’il y a déjà plein de BD sur le sujet, j’avais envie d’y apporter ma pierre à l’édifice. Alors j’ai fait un mélange entre les strips, les pensées de Geluck et un concept nouveau : un chat qui ne bouge pas. Qui reste toujours dans la position du dormeur de Rodin. (Rire)
Les lecteurs sur les réseaux sociaux en sont friands. Ça les calme apparemment.

2/ Quels messages souhaitez-vous faire passer à travers ce chat trop mignon ?

A la fois plein de messages car ce sont des « pensées-gags». Mais pas un message en particulier. C’est au fil de mes idées, envies, mes jeux de mots. Je suis friand des pensées et des blagues sur l’actualité. J’essaye de faire tout ça. Avec un chat qui ne bouge pas. Ça me fait rire. Je dirais que ça me défoule et ça fait du bien à tout le monde. Vous êtes dans les bouchons ? Meufine se moque des bouchons et là, toutes les personnes qui sont dans les bouchons rigolent. Ça fait du bien.

3/ Pourquoi avoir choisi un animal comme personnage principal de Bande dessiné ? Quelle représentation en avez-vous ?

Pour moi, le chat représente la paix, le silence... Je n’ai pas une vie de paix et de silence. Avec le handicap, c’est un quotidien difficile.
Donc ma Meufine me repose et ça repose plein de lecteurs qui ont une vie difficile aussi. Les enfants énervés etc...
C’est de la sophrologie de l’humour ! Et j’adore les chats.

4/ L’auto-édition n’est pas un choix évident, pourtant il aura permis la publication rapide de Meufine, pouvez-vous nous parler de ce genre de formule et de votre ressenti face aux éditeurs ?

Cela fait quelques mois que je diffuse des gags sur les réseaux sociaux.
J’ai eu tout de suite une demande assez costaud de lecteurs qui me réclamaient Meufine en BD. Aucun éditeur n’était vraiment intéressé car elle ne bouge pas. Pour eux, ça ne marcherait pas.

J’ai eu un message d’une maman qui attendait Meufine en BD pour l’offrir à son fils à Noel. Un enfant malade qui fait peut-être son dernier Noel et qui est fan de la BD sur le téléphone de sa mère. C’est ce message qui m’a donné envie d’enclencher la parution. Avec la demande des lecteurs derrière pour un cadeau de Noel.

Alors j’ai fait appel aux services de « Thebookedition» pour faire vite. Un code ISBn que j’ai payé et hop, il sera dans quelques jours disponible sur le catalogue des libraires et de la boutique.  Donc n’importe qui pourra le commander en librairie. Pratique ! Je ne gère pas le stock ainsi. Et comme ça, le lecteur l’aura pour Noel.

Si un éditeur veut un jour l’éditer, je retirerai celui-là. Ça sera vraiment 17 euros collector pour les enfants et les adultes !

J’aime bien aussi offrir des choses comme ça, un peu inédite pour le lecteur. Cela n’empêche pas les BD que je fais avec les autres éditeurs par la suite. J’ai plein d’idées.   

5/ Point sensible : en cette fin 2019, quel est votre opinion sur l’inclusion tant évoquée ? Meufine y est-il sensible ?

Meufine est justement une pause dans mon combat sur le handicap.
Elle est le chat d’un autiste épileptique. Donc elle connait ça. Pour elle c’est des câlins en plus. Rien de plus !

6/ Avez-vous des projets en cours pour 2020 ?

Oui, un roman graphique avec un gros éditeur. Mais c’est une surprise encore.

7/ Un souhait qui vous tient à cœur pour 2020 ?

Espérons que les gens vont adorer leur Album BD de Meufine et que ce sera le début d’une grande aventure. Et j’espère que 2020 sera moins miséreuse que 2019 en matière de combat social. Courage à tous !

Propos recueillis par Manuela SEGUINOT