J’ai eu la chance d’être invitée
par Mak, artiste exceptionnelle, qui nous as présenté son one woman show digne
d’Hollywood, au poil près…
Cette drôle de dame au physique
qui pourrait déranger, met à mal sans aucun scrupule toutes les personnes qui
auraient la mauvaise idée d’avoir un regard malveillant sur la différence.
Elle se livre avec humour et
bienveillance sur le parcours de sa vie en ayant une pointe d’émotion :
frissons garantis !!
Du gynécologue à la l’enfance, de
sa maman à ses camarades de classe, sans oublier les C.nnards qui l’ont rendu
plus forte que jamais pour affronter la vie avec sa différence, Mak nous offre
un moment exceptionnel où l’on passe du rire aux larmes sans transition.
Je suis admirative de cette femme
« hors norme » qui met à mal les préjugés sur le handicap / la
différence avec une main de fer dans un gant de velours !!
Mak, pouvez-vous nous parler de vous en quelques
lignes ? En quoi êtes-vous concernée par le handicap / la
différence ?
Je suis née en 1982, à Cherbourg.
A ma naissance, les médecins ont tout de suite vu que quelque chose clochait…
D’ailleurs, ils n’ont pas
vraiment été surpris puisque j’ai maigri dans le ventre de ma mère à 8 mois. Je
nais post-maturée, avec aucun poil, peau très rouge, toute petite (2,425kg).
Le diagnostic tombe : j’ai une maladie de
la peau qui s’appelle la dysplasie ectodermique. C’est une
maladie où normalement on ne transpire pas, pas de poil et pas de dents… Moi je
transpire et j’ai des dents ! Cette forme de dysplasie, je suis seule au
monde à l’avoir.
Elle est causée par une
translocation de chromosome du X sur le 12. Cette maladie génétique a provoqué
à l’âge de 5 ans, une atrophie rénale. Mes reins ne grandissaient plus. J’ai dû
me faire greffée à l’âge de 7 ans, en 1989, mon père m’a donné son rein après
avoir vécu les dialyses.
Mon handicap est donc ma maladie longue durée, c’est pas ma
gueule !
Oui, je suis différente de par ma
dysplasie ectodermique mais, mon vrai handicap du quotidien est la
greffe : la lourdeur du traitement, et comme j’ai été greffée très jeune,
le régime imposé par l’insuffisance rénale à fait que ma croissance n’a pas été
normale et que j’ai souffert (et souffre encore) de beaucoup de carences. En
période d’insuffisance, on mange sans sel, sans sucre, sans protéine, on boit
peu d’eau…
Aujourd’hui à 37 ans, j’ai les os
de ma grand-mère, je souffre d’ostéoporose, douleurs articulaires, désordres
intestinaux à cause des médocs etc…
Comment est né votre spectacle « Mak comme tout le
monde, à un poil près… » ? Combien de temps vous a-t-il fallu pour le
créer ?
Ce spectacle j’en rêve depuis
petite. Ecrire sur ma vie est venu en 2017. Avant j’écrivais des textes… mais
surtout pas sur moi !
Après un stage de développement
personnel et quelques passages tv où j’ai « raconté ma life », j’ai
eu le déclic. J’ai écrit et monté ce spectacle en un an.
J’ai commencé à écrire en mai
2017 puis, j’ai joué la première de mon one en juin 2018, sous la houlette de
mes metteurs en scène Joanna Saura et Seyf.
Tout au long de votre spectacle, on découvre avec
amusement mais surtout, avec émerveillement le parcours de votre vie. Vous vous
livrez intensément en nous offrant un show Hollywoodien extraordinaire mais
aussi, en vous dévoilant avec des moments beaucoup plus subtiles, sensibles et
remplis d’émotions. Quel(s) message(s) voulez-vous faire passer aux
spectateurs ?
Je veux faire passer le message
qu’on a tous la même vie finalement ! On passe tous les mêmes étapes… mais
quand on les passe avec, au départ, un ou des handicaps, c’est un peu plus
compliqué.
Et… on a tous un handicap !
Qui est vraiment normal ? Qui ne souffre pas de quelque chose dans la vie
qui l’empêche d’avancer ? Personne !
Mais si l’on y croit, que l’on
sait où on veut aller, rien ne nous arrêtera, surtout pas ceux qui nous mettent
des bâtons dans les roues.
Après, comme tout le monde,
parfois on se prend « des portes », peu importe notre âge, notre évolution
dans la vie, mais c’est la vie qui est comme ça, il faut l’accepter et avancer
malgré tout et ne voir que le bon côté des choses.
L’inclusion, le handicap, la différence sont des sujets
qui font souffrir encore de trop nombreuses personnes. Que pourriez-vous leur
dire pour affronter la dure réalité des regards et commentaires qui blessent ?
Je comprends que cela puisse
faire souffrir surtout quand il y a malveillance. J’ai envie de dire à ces gens
que nous, au moins, on ne laisse pas indifférent !
Que ces gens nous jalousent car
eux ne savent pas se faire remarquer par autre chose que leur
« méchanceté ».
Et puis, si on nous regarde c’est
que l’on est extra-ordinaire, atypique, et ça, c’est une vraie chance.
L’humour vous « colle à la peau ». On sent que
c’est tout naturellement qu’il vient à vous pour évoquer des sujets aussi
sensibles que sérieux. Pas de place pour les hésitations, un franc parler qui
pourrait faire pâlir les plus réticents. Que vous apporte l’humour ?
L’humour c’est le premier effet
kisscool pour faire passer un message : le public rit puis, second effet
kiss cool, il réfléchit !
L’humour a toujours été pour moi
une façon de dédramatiser les situations comme… une première rencontre avec moi
par exemple !
Quand les gens ne me connaissent
pas, au travail, en vacances etc, j’utilise toujours l’humour pour dire
« eh ! what’s up ! moi ça va super et toi ? Tu sais, j’ai
une drôle de gueule mais, ça va bien se passer ! ».
Vous jouez, usez de votre physique atypique et de votre
chevelure au poil près pour dédramatiser la différence. Avez-vous toujours pu
le faire ? Quel conseil pourriez-vous donner aux personnes qui souffrent
de leur physique ?
J’ai mis une perruque à 15
ans : Oh My GOd ! #NoWay.
Imaginez-moi avec une coupe de cheveux bonde
au carré !! C’est là que finalement, je me suis trouvée belle avec mes
petits cheveux courts. Les cheveux ce n’est pas pour moi, ce n’est pas moi.
Ma tête c’est ma signature, mon
identité. A celles et ceux qui n’aiment pas leur physique : corrigez ce que
vous n’aimez pas et voyez ensuite si vous vous sentez mieux…
Le problème n’est pas le physique
mais la manière dont on se perçoit avec ce physique.
Alors acceptez-vous, aimez-vous,
kiffez-vous !!
Tous les matins, devant votre
miroir dites-vous : « belle gosse aujourd’hui ! ».
Votre différence c’est comme une
signature, elle est unique et, c’est ce qui fait de vous une personne unique et
remarquable : cultivez-là !
Vous sillonnez les routes de France pour votre
spectacle, quels retours avez-vous : Positif ? Négatif ?
Hyper positifs ! Ma mère a
un succès de dingue aussi lol (il faut voir le spectacle pour comprendre cette
phrase !).
Beaucoup de personnes en
situation de handicap visible ou invisible se reconnaissent dans ce que je dis
et d’autres « valides » comprennent un peu mieux le handicap
invisible.
C’est une aventure
extraordinaire !
Y aura-t-il une suite de Mak comme tout le monde, au
poil près ? Avez-vous d’autres projets à venir ?
Pour le moment, je peaufine ce
spectacle, il y aura certainement de nouveaux sketchs mais pas de numéro 2 pour
le moment en vue, cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura jamais !
Enfin, j’adhère, j’adopte complètement à vôtre
« slogan » : « Alors, on respire, on y va et on est
forts !! Quelle en est la réelle signification ?
C’est ce que ma mère m’a toujours
passé comme message lorsque j’avais le moral dans les chaussettes petite :
« Toute ta vie ce sera difficile pour toi, alors soit tu bats soit cela ne
sert à rien de vivre ».
« On respire, on y va, on
est fort » est une sorte de Mantra pour prendre le taureau par les cornes
et faire ce qu’il y a à faire pour VIVRE et vivre bien, tel qu’on l’entend.
Propos recueillis par Manuela
SEGUINOT
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