dimanche 3 février 2019

Les grands perdants de la concertation « ensemble pour l’école inclusive »


 



Depuis le 22 Octobre 2018, une concertation pour l’école inclusive a été lancée par J.M Blanquer et S.Cluzel. J’ai attendu longuement, désespérément, que soit évoqué les problématiques rencontrés au sein d’instituts tels que les Instituts Médico Educatifs (IME) qui, n’accueillent que des enfants en situation de handicap. N’y a-t-il que les écoles pour accueillir les enfants en situation de handicap ? Il serait sans doute préférable d’élargir rapidement le champ de vision de toutes ces personnes portant des œillères.

Les IME ont pour mission d’accueillir des enfants et adolescents handicapés atteints de déficience intellectuelle quel que soit le degré de leur déficience.

Leur objectif est de dispenser une éducation et un enseignement spécialisé prenant en compte les aspects psychologiques et psychopathologiques et recourant à des techniques de rééducation. Ils regroupent ce que l’on désignait auparavant et de façon distincte les "Instituts Médico-Pédagogiques" (IMP) et "Instituts Médico-Professionnels"(IMPro).
Ils sont spécialisés selon le degré et le type de handicap pris en charge. En effet, la déficience intellectuelle peut s’accompagner de différents troubles, tels que des troubles de la personnalité, des troubles moteurs et sensoriels, des troubles de la communication…
Les IME sont financés par l’Assurance Maladie en tenant compte du prix de journée suite à un agrément de l’ARS (Agence Régionale de Santé), dans le cadre de la loi du 2 janvier 2002.
Les difficultés rencontrées sont semblables à celles de l’Education Nationale, à la différence près que nous accueillons que des enfants porteurs de handicap. Le personnel est peu ou pas formé, diplômé ou non, l’accompagnement est parfois inadapté du fait des troubles de l’enfant. Les réorientations étant très longues et complexes, certains enfants restent de longues années sans place dans une structure adapté. C’est donc par dépit qu’il reste en IME.
De plus, les enfants sur liste d’attente sont très nombreux, faute de place. Là encore, il y a un décalage non négligeable entre les enfants occupants une place de façon inadapté et ceux sur liste d’attente. Ne faudrait-il pas que questionner, réfléchir avec tous les partenaires concernés pour que cela ne se produise pas ?
Pour ce qui est du personnel, dans l’IME où j’exerce il y a une enseignante spécialisée pour près de 60 enfants. Ce qui revient approximativement à une prise en charge moyenne de 35 minutes par semaine et par enfant. Est-ce vraiment suffisant et adapté ? La plupart des éducateurs organisent en plus des ateliers « pré-scolaire » pour pallier aux besoins éducatifs des enfants. N’y a-t-il pas une raison ?
Le turn-over des salariés est incroyable. Les valeurs et convictions de chacun sont mis à rudes épreuves. Certain préfère démissionner pour ne pas sombrer davantage sans même avoir de solution. Ils acceptent donc de se retrouver dans une situation financière et personnelle très précaire ne se retrouvant plus dans la manière de devoir accompagner ces enfants porteurs de handicap.
Je trouve parfaitement inadmissible que ne soit pas évoqué la réalité de terrain de ces institutions en grande souffrance. Pourquoi ? Je ne me tairais pas !! Enfants, familles et professionnels doivent aussi être entendus. Ce n’est pas parce qu’ils sont dans un Institut Médico Educatif que tout va bien. Ouvrez les yeux !! Venez voir les conditions d’accueil et de travail. Posez des questions aux professionnels, recueillez les propos des familles et de certains enfants qui sont en mesure d’y répondre.
J’aime mon métier, j’ai la chance inouïe d’exercer auprès de ces enfants extra-ordinaires mais je me refuse de rester inactive face à cette injustice qui pour moi n’est pas légitime. Nous devons échanger sur ce sujet certes délicat, complexe mais essentiel pour que tous les acteurs concernés par « l’école inclusive » soient entendus.
Il ne doit pas y avoir de perdant dans cette bataille pour une société inclusive. J’ai l’amer sentiment que les AVS/AESH et les enseignants ont plus de poids que des éducateurs jeunes enfants, éducateurs spécialisés, Aide Médico-Psychologique, éducateurs techniques, POURQUOI ? Quelle en est la légitimité ? N’ont-ils pas à échelle différente le même rôle, les mêmes valeurs ou convictions ? N’ont-ils pas droit d’évoquer la pénibilité de leur quotidien ?

Manuela SEGUINOT

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire