samedi 26 janvier 2019

Un jour ça ira





Je découvre avec beaucoup d’émotions le documentaire de Stanislas et Edouard Zambeaux : « Un jour ça ira ».

On nous ouvre les portes d’un centre d’hébergement d’urgence Parisien l’Archipel, géré par l’Association Aurore, où sont logés familles et enfants en grande précarité. Certes, l’accueil de ces familles avec enfants est une action louable mais ce n’est pas suffisant.

Nous faisons la rencontre de plusieurs enfants, garçons et filles, scolarisés qui se livrent bien volontiers sur leur quotidien et leur ressenti. Ils sont nombreux à ne pas avouer à leurs camarades de classe qu’ils vivent dans un centre d’hébergement d’urgence, par honte et crainte d’être jugés.

Pourtant, ils font preuve de maturité, ils ont conscience des difficultés de la vie : travail, ressources, logement… Ils se contentent de ce qu’ils ont sans jamais rechigner. Ils s’entraident les uns les autres, les plus grands s’occupent des plus petits. Ils ont pour discours que c’est une grande et belle famille. Je suis profondément touchée par cette solidarité permanente de tous les résidents du centre.

On rencontre brièvement des « responsables » du centre qui accompagnent les résidents dans leur quotidien pour tout ce qui est social, administratif, éducatif… Une main tendue en plus de l’hébergement. Une écoute offerte aussi qui me semble indispensable pour avancer. Chacun des résidents garde le secret espoir d’obtenir un jour un logement pérenne et une situation stable.

Il y a toutes sortes de résidents, il y a deux enfants porteurs de handicap qui m’ont affecté et qui pourtant, semblaient heureux. Une petite fille porteuse de trisomie 21, sa maman explique toute sa difficulté à soigner son enfant. La solitude aussi est lourde de conséquence moralement. Le deuxième enfant est un petit garçon atteint d’une déformation du visage. Il vit avec ce handicap naturellement, sans jamais l’évoquer. Il est plein de vie, joyeux, solaire, quel courage !!

Il est difficile de mettre des mots sur cette précarité pour les enfants du centre. On ressent tous les questionnements qu’ils peuvent avoir en eux. Principalement, la question de leur origine les anime. On a l’exemple de ce jeune garçon Djibi et d’une jeune fille Ange, tous deux âgés de 13 ans au moment du tournage. Ils se posent beaucoup de questions. Ils connaissent leur parcours mais on sent qu’il y a des pièces manquantes au puzzle. La construction de l’identité est une étape cruciale de la vie d’un enfant.

Je retiens des mots poignant de Djibi : « Je suis un sérial déménageur », « Je transporte ma vie en valise, j’ai appris à voyager léger ». Cela ne devrait pas exister pour un jeune garçon de 13 ans d’avoir ce discours. Il parle de sa maman avec fierté et beaucoup d’amour. On sent la sincérité et tout l’espoir qu’il fonde pour un avenir meilleur.

Ange est une jeune fille timide mais qui interprète la chanson « Les Invisibles » avec beaucoup de conviction. Les larmes qui coulent sur son visage lors du concert de la fermeture du centre en disent long sur ce qu’elle ressent. Sa prestation est émouvante et tellement naturelle, sans filtre.

Il y a aussi Peggy Rolland, auteur, compositeur, animant un atelier de chant avec les enfants du centre. Un projet musique a vu le jour avec la réalisation d’un album « Invisibles » disponible sur Deezer. Les textes sont le reflet de leur vie avec tout ce qu’ils éprouvent. Des déclarations d’amour faites aux parents avec une reconnaissance incroyable. Les mots choisis sont des mots d’enfants qui résonnent encore plus fort et donnent un sens plus profond à cette précarité.

Je ne peux rester sans partager la découverte de ce documentaire exceptionnel mais aussi de cet album qui résulte de ce grand projet. La précarité et la souffrance est à notre porte, on ne peut l’ignorer. 

J’ai moi-même été dans une situation de grande précarité sans l’avoir choisi. J’ai été aidé par une association et je n’ai pas honte de le dire. J’ai eu la chance de vite rebondir mais j’ai conscience que ce n’est pas toujours le cas. 10 ans après cette période difficile de ma vie, je me rends dès que possible au sein de cette association « Cœur de Femmes » qui est une famille pour moi.

Mon affection aussi pour tous ces enfants à qui je voudrais venir en aide… Chacune de leur intervention m’a émue aux larmes. Leur force et leur courage est admirable. J’ai peu de mots pour les décrire si ce n’est qu’ils sont incroyables et qu’il ne faut pas qu’ils soient Invisibles.

Il y a encore beaucoup de choses à faire pour améliorer la prise en charge de toutes ces familles en grande précarité. Le sujet du logement et de l’inclusion est défaillant. Il ne faut pas l’attribuer uniquement aux personnes en situation de handicap. Il y a aussi toutes ces personnes que l'on voit tout au long de ce documentaire. Ils sont l’exemple concret qu’il y a beaucoup d’autres populations concernées par la précarité, le mal-logement, l’exclusion social,  l'éducation, l’accès aux soins…


Manuela SEGUINOT


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire