Amour et Handicap, vaste sujet...
Pour faire suite à mon dernier
article sur l’Amour et la sexualité de personnes porteuses de handicap, je vais
faire le portrait de 2 jeunes, en couple, que rien ni personne ne pouvait
séparer.
Le jeune homme n’en était pas à
sa première conquête, bien au contraire… Mais à l’arrivée de sa prétendante dans
la même section, plus de changement de partenaire !!
Je suis admirative de leur
capacité à se fondre dans la masse, sans se préoccuper du regard d’autrui. Ils
sont heureux et amoureux, rien d’autre ne compte !! Pourtant, aux yeux de
leurs camarades, ils ne passent pas inaperçus. Certains sont même envieux.
Ils ne sont pas très bavards, les
regards échangés sont timides et discrets mais on perçoit facilement leur complicité.
J’aime les observer, leur bonheur fait chaud au cœur. Ils se tiennent par la
main, tels deux adolescents vivant leur première histoire d’amour. Ils sont
attentionnés l’un envers l’autre.
Cependant, pas d’excès, pas de
grands discours, de grands gestes, de grandes démonstrations. Tout est simple,
naturel et plein de respect. J’aime espérer que ce soit exactement ça la
conception de l’amour. Pas d’enjeu, pas de jalousie, pas de manipulation…
Simplement un coup de foudre qui les rend très heureux.
Leur histoire me fait penser que
là encore, nous, professionnels au contact d’enfants en situation de handicap
ne sommes pas suffisamment formés pour accompagner ces jeunes en passe de
devenir de adultes et qui auront des besoins, des questionnements sur l’amour,
la sexualité, leur droit et les limites.
Je peux aisément dire qu’aujourd’hui,
je ne suis pas capable de savoir comment gérer des « excès » qui
pourraient se produire entre deux jeunes. Je pense que j’agirais à l’instinct,
en fonction de la situation.
Ce qui me pose question c’est de savoir quels mots
mettre pour expliquer l’éloignement que l’on pourrait imposer ou le refus de
gestes « intimes ». Quelle compréhension pourront-ils avoir de nos
explications ?
C’est un sujet très vaste où l’on
pourrait trouver beaucoup de situations délicates pour lesquelles nous ne
sommes pas formés, suffisamment accompagnés.
Je trouve cela vraiment dommage car c’est une
problématique qui existe chez tous les individus, même non porteur de handicap.
Dans une société où la sexualité est encore très taboue, cela l’est plus encore
chez les jeunes en situation de handicap.
Il serait très intéressant de
croiser les regards de différents professionnels, de familles et pourquoi pas
de jeunes. La réflexion de chacun pourrait mener à des pistes d’accompagnement.
Ils pourraient également y avoir des stages de « sensibilisation » en
institut par des professionnels de santé, des associations… plusieurs fois par
an sur des thématiques différentes se terminant par un débat.
Les jeunes pourront
trouver des réponses à leur questionnement, d'autres se rendront compte qu’ils ne sont pas
seuls à avoir des craintes, des envies, des besoins et pourront libérer leur
parole dans ce contexte très précis.
Il m’est difficile de me dire que
je ne suis pas en mesure d’évaluer les besoins et les demandes des jeunes que j’accompagne
vis-à-vis du regard qu’ils portent sur l’amour, la sexualité.
Pour ce qui me
concerne, je n’ai jamais été confronté à des échanges internes à l’institut
pour « délimiter » notre mission éducative dans ce domaine.
Il me
semble pourtant indispensable que l’on puisse échanger sur cette problématique
à laquelle on peut être confronté rapidement et de manière récurrente compte
tenu de l’effectif des jeunes accueillis à l’IME.
J'ai à cœur de continuer de découvrir encore plein de choses concernant la vie, les besoins, le regard, le ressenti, les rêves de personnes porteuses de handicap pour lesquelles j'ai un profond respect. Elles nous fond grandir, réfléchir et nous impose de manière naturelle la réalité de la vie, sans filtre.
Manuela SEGUINOT
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