Je
suis une jeune femme de 33 ans, mère d’un garçon de près de 10 ans.
Depuis de nombreuses années, mon état de santé se dégrade.
Pourtant lorsqu'on me voit, rien ne présage mon handicap, mon état de santé.
Le
combat mené pour faire entendre mes douleurs interminables aux
spécialistes en tout genre n’a pas été simple. Des examens les plus
cruels aux plus simples en passant par des suspicions effrayantes ont
ponctué mon quotidien. Hospitalisations diverses et variées avec des
examens en chaîne dignes des films comme Dr House!!
Un
jour, le mot Tumeur est annoncé, s’en est suivi une intervention
chirurgicale 10 jours plus tard. Situation traumatisante pour la jeune
maman que j’étais. Malgré tout j’aspirais à un nouveau départ. Je devais
me battre!! J’ai pris près de 10 kgs sans motif, fatigue et de douleurs
extrêmes, perte de mes cheveux et surtout une dépression pointait le
bout de son nez! Difficile de se reconnaître dans cet état sans savoir
pourquoi. Ma vie prenait un nouveau tournant pour lequel je n’était pas
préparée.
Après
cette intervention hélas, douleurs, fatigue et fièvre reviennent
rapidement. De nouvelles explorations, de nouvelles hospitalisations et
le regard et suspicions de l’entourage proche (collègues principalement)
à gérer. Je me refusais de devoir supporter les jugements des autres
qui ignorent ce que signifie le terme « souffrir ».
En
plus de ne pas savoir ce qu’il se passe, il me faut mener de front le
jugement de certains écervelés qui pensent qu’être en arrêt maladie est
un plaisir !! C’est bien mal me connaître, j’ai toujours travaillé et
évolué en fonction de mon foyer. J’ai eu la chance inouïe de travailler
dans le commerce malgré les embûches de la vie puis, de changer de
domaine professionnel suite à la naissance de mon fils. La vie m’a donné
la possibilité de faire cette reconversion professionnelle et m’a
permis de m’épanouir.
Il
aura fallu des mois, des années d’examens, de protocoles de soins, de
spécialistes pour avoir un diagnostic, certes toujours pas posé avec
certitude car ironie du sort, pour poser un diagnostic sûr il faut avoir
l’intégralité des symptômes. Ce qui, dans la réalité, est très rare
surtout dans les maladies rares et chroniques.
Je
me fiche du diagnostic, à ce jour, mon protocole de soins améliore les
douleurs ressenties. J’y trouve un confort quotidien notable et non
négligeable. Il arrive parfois qu’il ne soit pas efficace dans les
périodes dites « de crises » qui peuvent perdurer plusieurs jours. Au
visuel, on ne peut deviner mon handicap et pourtant, marcher peut
s’avérer être un parcours du combattant tellement la douleur est
intense. De jour comme de nuit, la douleur est omniprésente, je ne peux
mettre un drap sur mes pieds lorsque je dors, sensation de brûlures.
Mais il y a aussi les mains, tenir un crayon, se servir un verre d’eau,
conduire, des choses naturelles et simples deviennent très vite des
séances de tortures. Nul ne peut imaginer mon quotidien durant ces
périodes d’inflammations.
J’ai
mis très longtemps avant d’admettre que je devais me résoudre à la
constitution d’un dossier MDPH. Ironie du sort de par ma profession
auprès d’enfants en situation de handicap. Les files d’attentes, les
déplacements en transports en communs, les sorties d’école de mon
enfant, les parcs d’attractions, les supermarchés sont devenus des
obstacles au quotidien. On ne peut imaginer à quel point ces
déplacements me sont difficiles.
Afin
de me protéger, c’est comme cela que l’on m’a vendu l’importance de
monter ce dossier MDPH. J’ai constitué ce monstrueux dossier en ayant
pour première mission la rédaction de mon projet de vie, le reste du
dossier étant principalement d’ordre médical.
J’avoue
m’être retrouvée dans une période de réflexion intense pour la
rédaction de mon projet de vie car il aura un impact important pour
l’octroi de cette reconnaissance de handicap. J’ai l’amer certitude que
les personnes qui ont créé ce dossier MDPH n’ont jamais connu douleurs
et handicap.
Comment
élaborer son propre projet de vie lorsque l’on souffre? Pour beaucoup
de maladies chroniques, on ne peut évaluer l’évolution de la maladie, la
durée et trouver un traitement efficace en tout point.
Autre
ignominie de la société : se protéger de son employeur. J’ai dû à
travers mon dossier MDPH demander une reconnaissance de travailleur
handicapé, je déteste ce terme. Ne pas pouvoir travailler est pour moi
une punition subissant mon état de santé. Dans mon cas, je suis
domiciliée près de mon lieu de travail. Au début, je prenais ça pour une
chance extraordinaire puis, croisant à plusieurs reprises mes collègues
dans le quartier, jugements et commentaires désobligeants ponctuaient
mon quotidien professionnel. Sous prétexte que mes douleurs, mon
handicap ne se voit pas, je me retrouve à devoir supporter tous les
commentaires de personnes qui ignorent ce qu’est la douleur. Il faudrait
que je sois calfeutrée chez moi sans en sortir mais j’ai un enfant et
je veux VIVRE!! Je refuse de devoir vivre en réfléchissant à ce que
pourrait être le ressenti de personnes malveillantes. JAMAIS !!
J’ai
dû faire de nombreuses recherches, lire des témoignages, prendre sur
moi pour ne pas sombrer. J’avoue avoir eu des périodes très difficiles
moralement mais je m’accroche à mon parcours de vie et à ceux que
j’aime. Mon témoignage à pour but de faire entendre que tous les
handicaps ne se voient pas et pourtant ils ont un impact incroyable sur
notre vie familiale et professionnelle. Nous ne devons pas nous cacher
et nous taire bien au contraire, nous aussi souffrons et avons droit au
respect !!
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