samedi 24 novembre 2018

Interview d'Agathe Lecaron, présentatrice des Maternelles sur France 5



Votre parcours professionnel et plus particulièrement votre engagement, votre passion pour les enfants est remarquable.
Vous êtes Maman de 2 enfants, on a pu voir dans une émission des Maternelles tout l’Amour que vous leur portez, moment intense et très émouvant.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre passion pour les enfants ? Pourquoi avoir choisi l’émission les Maternelles ?


Parce que c’est la meilleure émission du PAF ! C’est une véritable émission de service public, qui aide concrètement les téléspectateurs à mieux vivre l’aventure de la parentalité. IL y a beaucoup d’intelligence et d’émotion qui passent sur ce plateau. Quant à ma passion pour les enfants, elle vient du fait que la maternité a été une révolution dans ma vie.


Une de vos émissions avait pour thématique « Accueil des enfants handicapés en Maternelle », vaste sujet qui soulève beaucoup de problématiques. Selon vous, les choses ont-elles évoluées depuis 2016 (date de diffusion de l’émission) ?
Toujours sur ce sujet très riche qu’est l’inclusion à l’école, se pose encore aujourd’hui le recrutement, le salaire et le temps de travail des AVS, qu’en pensez-vous ?


Je crois qu’il y a un diplôme qui a été créé, je pense que c’est une très bonne chose. Il est crucial que les AVS soient formées, et surtout qu’il n’y ait plus de contrats précaires. J’ai l’impression que leur recrutement est mieux encadré, mais on est encore très loin de ce qu’il faudrait faire.


La présidente de l’UNAPEI, Christel Prado, évoquait lors de votre émission la demande auprès du Ministère de la création d’un livret pour aider les différents intervenants à accompagner les enfants en situation de handicap pendant le temps périscolaire et de centre de loisirs. Cette demande était faite 2 ans auparavant et n’avait reçu aucune réponse.
Aujourd’hui, la problématique est restée sans réponse, ni évolution, selon-vous, que faudrait-il faire pour améliorer la prise en charge des enfants sur ces temps-là ?


Je crois que le principal problème de l’inclusion, que ce soit à l’école ou dans les activités périscolaires, est culturel. On doit évidemment améliorer l’accompagnement, et on pourrait se dire qu’il faut du budget pour ça, mais en fait je crois que la priorité c’est de changer le regard des gens sur le handicap. Là-dessus, le corps professoral et les parents ont un rôle crucial d’éducation. Concernant spécifiquement les activités périscolaires, l’accessibilité des enfants en situation de handicap doit être placée au même niveau que l’inclusion à l’école, il n’y a pas de raison que ces enfants n’aient pas accès à la sphère artistique, à la culture, au même titre que les autres, d’autant que ce sont des moments précieux qui servent de leviers pour créer du lien social.






J’ai découvert avec stupéfaction lors de votre émission que l’école privée pouvait refuser la scolarisation d’un enfant en situation de handicap au sein de son établissement, ce qui n’est pas le cas pour les écoles publiques, n’est-ce pas contraire aux discours sur l’école de la République dont on nous parle tant ? Quel est votre avis sur ce sujet ?


Je trouve ça triste, que vous direz d’autre. Mais là encore c’est une question de regard sur le handicap : les directeurs d’école devraient comprendre que certes, c’est salvateur pour un enfant handicapé d’être scolarisé sans aucune différence avec les autres enfants, mais surtout, c’est ultra enrichissant pour les autres enfants ! Certains parents considèrent qu’avoir un enfant en situation de handicap dans une classe est un frein pour les autres élèves, que ça retarde les apprentissages… Il a été prouvé que c’était évidemment tout le contraire, ça crée de l’entraide, de la cohésion, et plus d’ouverture sur le monde.



Vous avez évoqué, avec la collaboration des différents invités de votre émission, notamment Jean Michel Blanquer, les Méthodes Alternatives d’enseignements. Plus précisément la méthode Montessori.
Le reportage diffusé sur cette méthode montrait un enseignant qui utilisait cette méthode de manière très active au sein de sa classe. Celui-ci nuançait malgré toute la possibilité de travailler avec cette méthode pour des raisons financières qu’il évaluait à 5000€ par classe. Il nous indiquait également avoir un investissement financier personnel à hauteur de plus de 1000€.
Ne pensez-vous pas que le gouvernement devrait aider les écoles afin que ces méthodes alternatives ne deviennent pas du « bricolage » du fait de son coût très élevé ?


Je sais que Jean-Michel Blanquer est très sensible au travail qu’a notamment fait Céline Alvarez, et qu’il a conscience du bienfait de ces méthodes… L’argent aiderait bien sûr, mais à mes yeux la méthode Montessori est d’abord une philosophie, et je remarque que la plupart des instituteurs aujourd’hui s’en inspirent malgré leur manque de moyen.




Enfin, votre parcours force à l’admiration, vous traitez tous les sujets d’actualité en rapport avec les enfants avec bienveillance, quel plaisir !
Quelle est votre opinion sur les combats menés pour l’inclusion à l’école des enfants avec handicap ? Ne pensez-vous pas que la France reste très en retard contrairement à d’autres pays dans ce domaine ?

Je ne suis pas assez spécialiste pour vous répondre sur notre retard par rapport au reste du monde, en revanche je constate qu’il y a énormément de progrès à faire… Je le répète, la première chose est de changer le regard des gens sur le handicap. Il faut marteler que c’est à l’école de s’adapter aux enfants en situation de handicap, et pas l’inverse !   Et je fais une grande confiance à Sophie Cluzel, la secrétaire d’état en charge des personnes handicapées pour faire bouger les lignes, vu qu’elle a elle-même une fille en situation de handicap.

Un grand merci à vous Agathe d’avoir répondu sur ce sujet qu’est l’inclusion à l’école des enfants en situation de handicap.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire