1/ Vos vidéos des derniers jours sont criantes et effrayantes à la fois. Elles sont le reflet d’une réalité qui perdure depuis hélas, très/ trop longtemps. Quel est votre ressenti face à cette rentrée 2019 : inclusive ou pas ?
Eh mince, moi qui espérais
qu’elles soient drôles ! Celle sur le loto des AVS a tout juste un an mais
comme les choses semblent en effet évoluer trop lentement, elle reste toujours
d’actualité. Hélas. Je crains de devoir encore la repartager l’an prochain … vu
que Monsieur Blanquer nous a annoncé une rentrée 100% inclusive pour 2022, si
j’ai bonne mémoire. C’est à la fois périlleux et terriblement intelligent, il
ne sera alors probablement plus ministre et aura pu refiler la patate chaude à
son successeur ! Pas bête Jean-Mich’ ! Donc, 3 ans avant le relais
annoncé, on a bien sûr une école plus inclusive qu’il y a 10 ans mais avec une
inclusion à la carte, comme d’habitude, sauf que ce sont rarement les familles
qui peuvent choisir le menu.
2/ On nous avait promis une rentrée permettant une scolarisation de
tous les enfants porteurs de handicap, visiblement vous avez des chiffres 😉 ?
Allez, j’ose, Fake ou pas ?
J’attends les vrais chiffres,
comme tout le monde. Au delà des chiffres, sur les réseaux sociaux, je ne
compte plus les familles sans solution, les enfants exclus du système éducatif.
Il suffit de lire les commentaires sous mes vidéos, la situation n’est pas si
rose. Pour ce qui concerne la Drôme, la Ministre semble donc contester les 240
enfants sans solution, chiffre avancé par l’ami Jean-Luc. Ce mercredi matin, Sophie
a ainsi avancé que sur ces 240, 141 enfants étaient scolarisés. Étrange. Mais
peut-être vrai. Surtout, je serais curieux de connaître leur nombre d’heures
hebdo à l’école. Idem, avec ou sans AESH ? Et si AESH, tou(te)s en
poste ? La ministre a t-elle fait appeler chacune des familles pour savoir
ce qu’il en est vraiment. On a aussi appris ce matin que 75 élèves étaient
inconnus des services. Car pas inscrits à la MDPH. Quand on sait le temps qu’il
faut pour avoir un diagnostic d’autisme par exemple, on comprend facilement que
beaucoup de ces enfants sont en attente de diag. Donc je compte sur Sophie et Jean-Mich’
pour nous envoyer un petit tableau Excel avec les enfants à plein temps, ceux
qui n’ont qu’une heure par semaine et ceux qui toquent à la porte, ce serait cool.
Pas que pour la Drôme ou la Lozère, bien sûr. (lien vidéo : https://www.facebook.com/laurent.savard.officiel/videos/10157731270592454/UzpfSTc1NTkxMjQ1MzozMDYwNjExMjk0OTk0MTQ6MTA6MDoxNTY5OTEzMTk5OjM3NTYxOTk3MDg1Nzc5MDIyNTY/?__tn__=%2CdC-R-R&eid=ARCAdRCSsfhFKHDe2iSDpFHRuKE5QlkzYiNVyE3BCQIIDtkDkXXrOZgKdEctHgUfUDXBtoedi9rTyh_T&hc_ref=ARQOHECSZ4Br3HeYV_9jeR4Q8lU9XaxXkFzuyPZThc68ueXkZ9YwXcNHeymWqABhZCI&fref=nf
3/ De PLUS, autre problème, les AESH. Quel regard portez-vus sur les
nombreux dysfonctionnements qui en découlent ?
Les pauvres. Dans les deux sens du
terme. Pas assez formé(e)s, sous-payé(e)s. Les AESH ont un mérite énorme. Tout
d’abord car le métier peut être sport mais aussi parce qu’avec la fameuse
mutualisation, on risque de les décourager du job. D’autant plus pour les
surdiplômé(e)s et j’en connais beaucoup. À mon humble avis, il faudrait
qu’elles soient spécialisées pour un type de handicap et même pour l’autisme - allez
savoir pourquoi, j’aime bien cet exemple - accompagner un enfant avec un profil
très sévère, ce n’est pas la même chose qu’épauler un enfant autiste Asperger.
Surtout, quand on sait que beaucoup d’AESH n’ont pas un temps plein, il faudra
me dire comment on peut s’en sortir avec 700€ par mois.
4/ J’ai une pensée émue pour tous les enfants qui n’ont pas accès à
l’école cette année encore (Bisous à Kévin…), mais aussi pour leur famille.
Selon-vous, que faudrait-il faire pour qu’il y ait une avancée rapide et
concrète ?
Que je sois ministre !
(rires) … ou revenir au septennat, pour que le fond l’emporte davantage sur la
comm’ chez nos amis ministres. Très sincèrement, comme Jean-Mich’ ou Sophie, je
n’ai pas la baguette magique et j’imagine leurs impossibles équations à
résoudre. Entre les contraintes budgétaires, l’inertie de l’Éducation Nationale
et un accroissement des demandes d’accompagnement, j’ai peur qu’à terme, on
favorise l’accompagnement des enfants les plus « gérables » aux
dépens de ceux présentant un handicap plus lourd. À terme, c’est la loi de 2005
qui pourrait être remise en question. À défaut d’une avancée rapide, on peut
donc redouter un vif recul.
5/ Nombreuses sont les interventions qui font froid dans le dos (J.M
Blanquer, Sophie Cluzel…) pour la rentrée. Même si des choses ont été faites,
n’essaye t-on pas de nous endormir avec de belles promesses ?
Ça, c’est le job de tout
politique ! Ne soyons pas dupes, quels que soient les gouvernements, ce sera la
pression constante des parents d’enfants handicapés, des associations, etc… qui
permettra des avancées. Je remercie d’ailleurs Madame Cluzel d’avoir fait passer
le droit de vote pour TOUTES les personnes handicapées. Je dis même, bravo
Sophie ! Quand on sait comment certaines personnes dites normales peuvent
voter … 1 ÊTRE HUMAIN = 1 CITOYEN, tout simplement.
6/ Le loto des AESH, j’adhère complètement à l’idée, tout comme celui
des Sans Domicile Fixe mais, concrètement, quelles mesures budgétaires
devraient être prises pour subvenir aux besoins humains permettant l’accueil de
tous les enfants ? (Essayons de donner des idées 😉
…)
Ce qui me chagrine, c’est que le
sujet du handicap ne soit pas rendu plus « sexy », c’est un sujet
majeur au même titre que le réchauffement climatique, par exemple. On préfère
s’indigner de la maltraitance animale, à juste titre, mais les médias
« tendance » ne parlent jamais du sort des enfants handicapés, et
encore moins des adultes. Il suffit d’écouter Nova en boucle pour s’en rendre
compte. Au mieux, on nous vend de l’inclusion « paillettes ». En télé
d’autant plus. Donc j’attends que Stéphane Bern – ou un(e) autre - nous vende un
loto des AESH ou, plus largement, un loto du handicap ! Je préfère me
limiter à cette seule idée avec le fol espoir qu’elle puisse aboutir …
Stéphane, HELP !
7/ Vous nous annonciez une belle rentrée pour Gabin qui a fêté
récemment ses 17 printemps, comment va-t-il ?
Il va furieusement bien. À l’aube
de ses 18 ans, il devrait participer aux 24H Rollers du MANS. Un projet tout
sauf paillettes, même si Gabin brille à rollers. Un projet sportif. Avec des
partenaires comme Animate – la figurine - qui a sorti des superbes coffrets
autour du sport dont 10% seront au profit du projet. Tous les supporters sont
les bienvenus, impatient de voir Gabin faire la course !
8/ Comment s’annonce votre rentrée ? Des projets ? Des
représentations parisiennes ?
Active, on fêtera les 10 ans du
« bal des pompiers » cette saison. C’est fou ! Le spectacle n’en
finit pas d’évoluer car Gabin n’a pas fini de grandir. Avec des programmateurs
toujours aussi variés, villes, festivals, assos, et même médiathèques depuis la
sortie du bouquin ! Avec « Gabin sans limites », certains se
sont rendu compte qu’il y avait aussi un spectacle … et on me demande réciproquement
de jouer le spectacle pour signer ensuite le livre. Le prix Baudelot attribué
cette année – comme a pu l’avoir Grand Corps Malade avec « Patients »
- participe aussi à cette actualité.
Pour résumer, je suis toujours en
mouvement, la majeure partie de mon temps derrière Gabin à rollers - le suivant
péniblement à patinette – et le reste du temps, sur scène ou en conférence.
J’adore aussi ce dernier format, finalement très « stand-up », ce qui
me permet de m’adapter à l’actualité toujours remuante du handicap et de l’autisme.
Donc je vais encore voyager cette
année et cela commencera par Figeac début octobre. Pas de retour prévu à Paris
pour l’instant mais je jouerai à Bry/Marne fin novembre. Toutes les dates sont annoncées
sur laurentsavard.com.
J’ai aussi d’autres projets comme
une collaboration avec l’ami Peter Patfawl et la suite de « Gabin sans
limites ». À moyen terme, je projette également de créer un nouveau
one-man-show, en parallèle du bal des pompiers que je jouerai jusqu’au dernier
souffle.
Cet autre seul en scène devrait
parler de tous les sujets de société, dont le handicap, bien sûr.
Cela transparait déjà dans mes
vidéos, j’aime faire rire sur tous les sujets. J’aime faire rire tout court.
Mais toujours sur des sujets
sérieux, c’est plus drôle.
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