vendredi 6 septembre 2019

Une rentrée presque inclusive…




1/ Vos vidéos des derniers jours sont criantes et effrayantes à la fois. Elles sont le reflet d’une réalité qui perdure depuis hélas, très/ trop longtemps. Quel est votre ressenti face à cette rentrée 2019 : inclusive ou pas ?

Eh mince, moi qui espérais qu’elles soient drôles ! Celle sur le loto des AVS a tout juste un an mais comme les choses semblent en effet évoluer trop lentement, elle reste toujours d’actualité. Hélas. Je crains de devoir encore la repartager l’an prochain … vu que Monsieur Blanquer nous a annoncé une rentrée 100% inclusive pour 2022, si j’ai bonne mémoire. C’est à la fois périlleux et terriblement intelligent, il ne sera alors probablement plus ministre et aura pu refiler la patate chaude à son successeur ! Pas bête Jean-Mich’ ! Donc, 3 ans avant le relais annoncé, on a bien sûr une école plus inclusive qu’il y a 10 ans mais avec une inclusion à la carte, comme d’habitude, sauf que ce sont rarement les familles qui peuvent choisir le menu.


2/ On nous avait promis une rentrée permettant une scolarisation de tous les enfants porteurs de handicap, visiblement vous avez des chiffres 😉 ? Allez, j’ose, Fake ou pas ?

J’attends les vrais chiffres, comme tout le monde. Au delà des chiffres, sur les réseaux sociaux, je ne compte plus les familles sans solution, les enfants exclus du système éducatif. Il suffit de lire les commentaires sous mes vidéos, la situation n’est pas si rose. Pour ce qui concerne la Drôme, la Ministre semble donc contester les 240 enfants sans solution, chiffre avancé par l’ami Jean-Luc. Ce mercredi matin, Sophie a ainsi avancé que sur ces 240, 141 enfants étaient scolarisés. Étrange. Mais peut-être vrai. Surtout, je serais curieux de connaître leur nombre d’heures hebdo à l’école. Idem, avec ou sans AESH ? Et si AESH, tou(te)s en poste ? La ministre a t-elle fait appeler chacune des familles pour savoir ce qu’il en est vraiment. On a aussi appris ce matin que 75 élèves étaient inconnus des services. Car pas inscrits à la MDPH. Quand on sait le temps qu’il faut pour avoir un diagnostic d’autisme par exemple, on comprend facilement que beaucoup de ces enfants sont en attente de diag. Donc je compte sur Sophie et Jean-Mich’ pour nous envoyer un petit tableau Excel avec les enfants à plein temps, ceux qui n’ont qu’une heure par semaine et ceux qui toquent à la porte, ce serait cool. Pas que pour la Drôme ou la Lozère, bien sûr. (lien vidéo : https://www.facebook.com/laurent.savard.officiel/videos/10157731270592454/UzpfSTc1NTkxMjQ1MzozMDYwNjExMjk0OTk0MTQ6MTA6MDoxNTY5OTEzMTk5OjM3NTYxOTk3MDg1Nzc5MDIyNTY/?__tn__=%2CdC-R-R&eid=ARCAdRCSsfhFKHDe2iSDpFHRuKE5QlkzYiNVyE3BCQIIDtkDkXXrOZgKdEctHgUfUDXBtoedi9rTyh_T&hc_ref=ARQOHECSZ4Br3HeYV_9jeR4Q8lU9XaxXkFzuyPZThc68ueXkZ9YwXcNHeymWqABhZCI&fref=nf

3/ De PLUS, autre problème, les AESH. Quel regard portez-vus sur les nombreux dysfonctionnements qui en découlent ?

Les pauvres. Dans les deux sens du terme. Pas assez formé(e)s, sous-payé(e)s. Les AESH ont un mérite énorme. Tout d’abord car le métier peut être sport mais aussi parce qu’avec la fameuse mutualisation, on risque de les décourager du job. D’autant plus pour les surdiplômé(e)s et j’en connais beaucoup. À mon humble avis, il faudrait qu’elles soient spécialisées pour un type de handicap et même pour l’autisme - allez savoir pourquoi, j’aime bien cet exemple - accompagner un enfant avec un profil très sévère, ce n’est pas la même chose qu’épauler un enfant autiste Asperger. Surtout, quand on sait que beaucoup d’AESH n’ont pas un temps plein, il faudra me dire comment on peut s’en sortir avec 700€ par mois.

4/ J’ai une pensée émue pour tous les enfants qui n’ont pas accès à l’école cette année encore (Bisous à Kévin…), mais aussi pour leur famille. Selon-vous, que faudrait-il faire pour qu’il y ait une avancée rapide et concrète ?

Que je sois ministre ! (rires) … ou revenir au septennat, pour que le fond l’emporte davantage sur la comm’ chez nos amis ministres. Très sincèrement, comme Jean-Mich’ ou Sophie, je n’ai pas la baguette magique et j’imagine leurs impossibles équations à résoudre. Entre les contraintes budgétaires, l’inertie de l’Éducation Nationale et un accroissement des demandes d’accompagnement, j’ai peur qu’à terme, on favorise l’accompagnement des enfants les plus « gérables » aux dépens de ceux présentant un handicap plus lourd. À terme, c’est la loi de 2005 qui pourrait être remise en question. À défaut d’une avancée rapide, on peut donc redouter un vif recul.

5/ Nombreuses sont les interventions qui font froid dans le dos (J.M Blanquer, Sophie Cluzel…) pour la rentrée. Même si des choses ont été faites, n’essaye t-on pas de nous endormir avec de belles promesses ?

Ça, c’est le job de tout politique ! Ne soyons pas dupes, quels que soient les gouvernements, ce sera la pression constante des parents d’enfants handicapés, des associations, etc… qui permettra des avancées. Je remercie d’ailleurs Madame Cluzel d’avoir fait passer le droit de vote pour TOUTES les personnes handicapées. Je dis même, bravo Sophie ! Quand on sait comment certaines personnes dites normales peuvent voter … 1 ÊTRE HUMAIN = 1 CITOYEN, tout simplement.

6/ Le loto des AESH, j’adhère complètement à l’idée, tout comme celui des Sans Domicile Fixe mais, concrètement, quelles mesures budgétaires devraient être prises pour subvenir aux besoins humains permettant l’accueil de tous les enfants ? (Essayons de donner des idées 😉 …)

Ce qui me chagrine, c’est que le sujet du handicap ne soit pas rendu plus « sexy », c’est un sujet majeur au même titre que le réchauffement climatique, par exemple. On préfère s’indigner de la maltraitance animale, à juste titre, mais les médias « tendance » ne parlent jamais du sort des enfants handicapés, et encore moins des adultes. Il suffit d’écouter Nova en boucle pour s’en rendre compte. Au mieux, on nous vend de l’inclusion « paillettes ». En télé d’autant plus. Donc j’attends que Stéphane Bern – ou un(e) autre - nous vende un loto des AESH ou, plus largement, un loto du handicap ! Je préfère me limiter à cette seule idée avec le fol espoir qu’elle puisse aboutir … Stéphane, HELP !


7/ Vous nous annonciez une belle rentrée pour Gabin qui a fêté récemment ses 17 printemps, comment va-t-il ?

Il va furieusement bien. À l’aube de ses 18 ans, il devrait participer aux 24H Rollers du MANS. Un projet tout sauf paillettes, même si Gabin brille à rollers. Un projet sportif. Avec des partenaires comme Animate – la figurine - qui a sorti des superbes coffrets autour du sport dont 10% seront au profit du projet. Tous les supporters sont les bienvenus, impatient de voir Gabin faire la course !

8/ Comment s’annonce votre rentrée ? Des projets ? Des représentations parisiennes ?

Active, on fêtera les 10 ans du « bal des pompiers » cette saison. C’est fou ! Le spectacle n’en finit pas d’évoluer car Gabin n’a pas fini de grandir. Avec des programmateurs toujours aussi variés, villes, festivals, assos, et même médiathèques depuis la sortie du bouquin ! Avec « Gabin sans limites », certains se sont rendu compte qu’il y avait aussi un spectacle … et on me demande réciproquement de jouer le spectacle pour signer ensuite le livre. Le prix Baudelot attribué cette année – comme a pu l’avoir Grand Corps Malade avec « Patients » - participe aussi à cette actualité.
Pour résumer, je suis toujours en mouvement, la majeure partie de mon temps derrière Gabin à rollers - le suivant péniblement à patinette – et le reste du temps, sur scène ou en conférence. J’adore aussi ce dernier format, finalement très « stand-up », ce qui me permet de m’adapter à l’actualité toujours remuante du handicap et de l’autisme.
Donc je vais encore voyager cette année et cela commencera par Figeac début octobre. Pas de retour prévu à Paris pour l’instant mais je jouerai à Bry/Marne fin novembre. Toutes les dates sont annoncées sur laurentsavard.com.
J’ai aussi d’autres projets comme une collaboration avec l’ami Peter Patfawl et la suite de « Gabin sans limites ». À moyen terme, je projette également de créer un nouveau one-man-show, en parallèle du bal des pompiers que je jouerai jusqu’au dernier souffle.
Cet autre seul en scène devrait parler de tous les sujets de société, dont le handicap, bien sûr.
Cela transparait déjà dans mes vidéos, j’aime faire rire sur tous les sujets. J’aime faire rire tout court.
Mais toujours sur des sujets sérieux, c’est plus drôle.

Manuela SEGUINOT

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire