Je vous ai sollicité pour être
parrain de mon projet de sensibilisation au handicap, au harcèlement et plus
largement à la différence. Cela a été une évidence pour moi. Votre parcours est
admirable et reflète en moi les convictions qui animent ces projets, merci
infiniment !!
1/ Pourquoi avez-vous
accepté de parrainer mon projet ? Que représente-t-il à vos yeux ?
Tout d’abord pour vous féliciter de ce beau projet de sensibilisation
au handicap et c’est important à mes yeux car une personne vivant un handicap
est avant tout une personne humaine.
2/ On connaît vos travaux
sur la souffrance des personnes avec autisme, votre mobilisation et combats
divers pour cette cause, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Mon parcours, très hétérogène après la prise en charge des patients
cancéreux, puis l’approche globale des
patients souffrants de pathologie mentale sévère.
Je suis arrivé, il y a
quelques années de ça à prendre en charge un enfant autiste hospitalisé dans un
service de pédopsychiatrie pour troubles du comportement et l’équipe de
pédopsychiatrie (à obédience psychanalyste) a été choqué que je l’examine comme
doit faire tout médecin, et comme me l’ont appris mes maîtres : inspecter,
observer, palper, ausculter, percuter et on fait un diagnostic.
L’équipe de
pédopsychiatrie m’a reprochée d’avoir fait mon travail et ce, depuis je me suis
intéressé à l’autisme et je tiens à le dire j’ai tout appris des familles, des
aidants familiaux, du personnel soignant et non soignant qui s’occupe de ces
personnes et bien sur des personnes TSA.
Et je me suis rendu compte de toutes les pathologies organiques
associées à l’autisme et bien entendu la douleur avec une négligence totale de
les détecter.
3/ Pour vous, l’autisme et
le handicap sont-ils pris en considération de la même manière ?
Pourquoi ?
Déjà la personne vivant un handicap pose un problème, quand on constate
les refus de soins en libéral ainsi que dans les établissements (heureusement
certains professionnels font un excellent travail dans la prise en charge).
Je
dis toujours concernant l’autisme, triple peine :
- - C’est un
handicap
- - Pathologies
organiques et douleur associées non détectées
- - Et si
détectées, une mauvaise prise en charge médicale !
Les comportements problèmes ont jusqu’à une époque récente mis sur le
compte de l’autisme, sans rechercher la cause et majoritairement ce sont des
pathologies organiques et des phénomènes douloureux.
4/ L’intégration des
enfants avec autisme est encore très difficile et surtout terriblement
douloureuse pour les enfants et leurs familles. Selon-vous, que faudrait-il
concrètement faire pour y parvenir ?
Oui il y a encore du boulot à
faire pour l’intégration déjà au niveau scolaire, certes des progrès mais il y
a dans certains départements ces enfants sont restés sur le carreau.
5/ Force est de constater
que nombreux sont les professionnels qui ne sont pas formés pour accueillir
dans leur classe des enfants porteurs de handicap.
Préjudices et souffrances
sont largement engendrés par ces dysfonctionnements. Malgré la loi de 2005,
nous sommes encore loin de résultats probants, qu’en pensez-vous ?
Oui il faut former les professionnels mais pas uniquement eux il faut
donner une image positive des personnes vivant un handicap, former par exemple
les policiers, les gendarmes, les pompiers
etc.. Pour la prise en charge de ces personnes et cela se fait déjà dans
de nombreux départements.
6/ Quel regard portez-vous
sur le handicap dans notre société ?
Dans de nombreux pays, y compris européens cela se passe bien, la
personne vivant un handicap est intégrée dans la société.
7/ Vous êtes un homme très
sollicité 😉, de projets
sont-ils en cours ?
Oui mais je continuerais à me battre avec les familles, leurs enfants…
tant que je peux. Les projets :
-
Formation
initiale et continue, sensibilisation en premier lieu du personnel soignant et
non soignant
-
Tenter que dans le programme des études des
médecins, des paramédicaux, des futurs spécialistes des cours sont programmés
pour la prise en charge spécifique de ces personnes avec une immersion de ces
futurs professionnels dans les institutions sanitaires, médico sociaux. Stage
dans leur cursus rendu obligatoire
-
Pouvoir
mettre en place avec les autorités sanitaires des consultations dédiées pour
les personnes vivant un handicap avec le personnel soignant formé, selon un
cahier de charge et une chartre éthique, mise en place sur tout le territoire y
compris dans les DOMS-TOMS, selon les recommandations de l’HAS.
8/ Y a-t-il de réelles
avancées et / ou prises en charge de l’autisme aujourd’hui ? Avez-vous le
sentiment que les choses évoluent favorablement ?
Oui il y a des avancées, mais ça se fait par paliers et le retard pris
dans ce domaine demande du temps.
9/ Nombreuses sont les
familles à bout de souffle, épuisées physiquement et moralement du fait d’une
non prise en charge, quels conseils pourriez-vous leur donner pour
s’accrocher ?
Je comprends la souffrance des familles, mais sans elles le combat est
perdu d’avance. Il faut poursuivre avec toutes les personnes volontaires et
avec les autorités pour mettre à bas les préjugés.
Je suis en admiration de toutes ces familles, de leur combat au
quotidien.
10/ Le mot de la fin :
Une pensée positive qui vous anime dans vos combats ?
Que dire, je suis ravi d’être à côté de ces personnes qui souffrent et
apporter ma modeste contribution et grâce à ces personnes TSA, les familles, le
personnel dévoué, je suis soutenu et poursuivrais mon combat pour ces personnes
qui méritent la dignité humaine.
Soyons humble et ayant à l’esprit qu’il faut
s’adapter à l’autre et non le contraire. Je le redis ces personnes autistes,
les familles m’ont tout appris et je tiens à les remercier et je serais à leur
côté tant que je pourrais.
Propos recueillis par Manuela SEGUINOT